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Domaine étranger Le Crépuscule des fourmis

novembre 2012 | Le Matricule des Anges n°138 | par Yves Le Gall

Le Crépuscule des fourmis

Paru en 1970 sous forme de feuilleton dans Jamanak, un quotidien arménien, Le Crépuscule des fourmis est le récit du retour à Istanbul d’un jeune Arménien au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Récemment libéré de ses obligations militaires, Barèd se soucie assez peu de ses origines, et trente ans après le génocide arménien, il souhaite simplement s’intégrer à la société turque.
Mais il découvre que Dirán son père et Arous sa mère vivent désormais dans la misère. Comme la plupart des Chrétiens aisés d’origine arménienne ou grecque leurs biens ont été confisqués par un impôt exorbitant. Même les souvenirs de son enfance ont perdu pour Baréd leurs couleurs. « Maintenant ces couleurs comme du fard bon marché coulaient en dessinant des personnages étranges sur un fond froissé. » Son père, autrefois estimé et brillant, est devenu un individu décevant. « Il n’avait rien d’autre à donner à son fils sinon le sacrifice de sa dignité sur l’autel de l’argent. » Il pleut beaucoup à Istanbul et les perspectives de Barèd s’assombrissent au fur et à mesure qu’il traîne dans des rues de plus en plus boueuses et noires…
Imperceptiblement, Zavèn Bibérian se livre à une critique des prétendues valeurs de nos sociétés contemporaines. Le destin de Barèd sera-t-il de tenter de « s’en sortir » à force de travail et d’épargne, quitte à « reconstituer le nid de fourmis » ? Cela lui sera-t-il seulement possible ? Barèd rejoint souvent son oncle Drtad dans sa petite maison sur une île à quelques encablures d’Istanbul. Drtad est un sèrsèri, en turc un marginal, mais lui, a su échapper à une existence de « fourmi ». À chaque traversée vers l’île, Barèd observe la même mouette, une mouette estropiée. « Il ressentait une peur diffuse face à cette créature silencieuse, malheureuse. » Le texte amer de Bibérian soulève un questionnement permanent. Un espace de liberté est-il encore accessible ? Dans l’incapacité de faire revivre un passé qui a disparu à jamais, Barèd semble condamné à n’être que l’otage des lumières frelatées de la ville.

Yves Le Gall

Le Crépuscule des fourmis
Zaven Bibérian
Traduit de l’arménien occidental par Hervé Georgelin,
MetisPresses, 464 pages, 24

Le Matricule des Anges n°138 , novembre 2012.
LMDA PDF n°138
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