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Domaine français Italia bella

janvier 2014 | Le Matricule des Anges n°149 | par Didier Garcia

La confession d’une émigrée italienne revenue au pays pour « redonner vie aux statues de l’enfance ». Et nous enchanter.

Bienvenus dans le Salento, c’est-à-dire le talon de l’Italie ou, pour s’en tenir à des données plus géographiques, la partie sud des Pouilles. Pour Rina Santoro (car nul doute que ce texte soit en grande partie autobiographique), c’est la pierre de voûte de son récit, la région qu’elle a quittée à l’âge de 12 ans pour la France, et le lieu vers lequel elle revient adulte, dans ce qui fait figure de retour aux sources.
Dans cette longue lettre adressée à une femme qu’elle dit aimer, il y aura donc d’un côté les réminiscences de l’adolescence, présentées à la troisième personne, de l’autre le présent du retour et des retrouvailles avec la terre aimée, faites à la première personne, comme s’il s’agissait non pas de deux états d’une même identité, mais de deux personnages différents, presque impossibles à concilier. Elle dit d’ailleurs avoir mis « dix mille ans à revenir » et à donner « un retour à cet aller simple d’autrefois ».
Le 19 août 1959, quand elle arrive dans ce qu’elle nomme « le château » (où vivent plusieurs familles italiennes), ce qu’elle découvre en premier de la France c’est l’eau du robinet. Viendront ensuite la langue française, son vocabulaire qu’elle s’approprie avec une belle gourmandise, et les premiers vertiges de l’écriture, dans une rédaction où on l’invite à évoquer une neige qu’elle n’a encore jamais vue.
Dans le Salento qu’elle retrouve, la narratrice renoue avec les mots qu’elle avait oubliés. Probablement dialectaux. Les retrouvailles sont d’ailleurs délicieuses : « Soudain je me fige. Puis j’ai chaud partout. Quelque chose fond. Se décongèle. Une énergie nouvelle se met à circuler dans les jambes surtout. Les bras. Parfois le ventre. Mon corps entier. » Elle retrouve aussi Murapia, nom déformé de son village natal, et autour de Murapia la végétation tant aimée : les oliviers centenaires, les câpriers, les oléandres, les hibiscus, les orangers… Difficile d’être malheureux dans un tel décor. À moins de s’intéresser à ce qui se passe alentour, à ces bateaux de clandestins somaliens ou nigériens que l’on empêche d’accoster pour les livrer en pâture à la mer.
Après de la poésie, des nouvelles et quelques polars, Rina Santoro effectue un retour réussi dans l’univers romanesque. Il y a quelque chose d’hypnotisant dans cette alternance régulière entre passé et présent. On éprouve même une sorte d’ivresse à se laisser bercer par cette vague qui flue et reflue sans jamais lasser. Les pages qu’elle livre ici ont été écrites le souffle coupé, avec des phrases brèves habitées par la rage ou portées par le rythme de la « pizzica », cette danse typique du Salento. Un rythme que l’on pourra d’ailleurs retrouver dans la musique populaire que propose Dario Muci, et qui constitue peut-être le meilleur des accompagnements.

Didier Garcia

Cara mia
Rina Santoro
Avec un CD 3 titres de Dario Muci
Ginkgo éditeur, 160 pages, 15

Italia bella Par Didier Garcia
Le Matricule des Anges n°149 , janvier 2014.