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Théâtre Antigone Blake

janvier 2017 | Le Matricule des Anges n°179 | par Laurence Cazaux

Ou comment « aboucher » et arrêter de « déparler » du harcèlement scolaire.

Cross chant des collèges

Julie Rossello-Rochet est une jeune auteure de 29 ans, une sacrée demoiselle qui cherche à penser le monde et la place de la jeunesse dans le monde. Elle a ainsi encadré tout récemment un atelier de jeunes critiques artistiques à Lyon. L’intitulé de son atelier débutait ainsi : « La pensée critique est considérée par l’UNESCO (2006) comme “une compétence nécessaire afin de faire face avec efficacité aux défis du 21e siècle”.
Au-delà du JAIME / JAIME PAS “facebookien”, comment exprimer son avis ? »
Sa pièce, Cross, chant des collèges, impulse cette même dynamique. Ce texte, lauréat des Journées de Lyon des auteurs de théâtre 2016, est né d’une commande de la Comédie de Valence pour la manifestation Les Controverses, que l’on peut également apparenter à une fabrique citoyenne, avec ces commandes d’écritures portant chaque année sur des sujets qui agitent la société, doublées de résidence et d’ateliers dans des établissements scolaires. Le harcèlement. est au cœur de ce Cross, chant des collèges.
L’auteure situe d’emblée son écriture « dans l’éclairage des zones de résistance possible. Allumer des portes de sortie à cet engrenage de la violence. (…) L’écriture va agir comme un moteur à produire une intense et profonde empathie pour la chèvre-émissaire et convertir cette victime en combattante. L’écriture conduira les spectateurs tout près de la petite Antigone, pendant qu’elle résiste et lutte et ce, jusqu’à ce que leurs yeux voient sa tête, doucement et sûrement, se relever, c’est-à-dire en les plaçant dans ses pensées, ou juste derrière sa nuque… Ce sera comme un poème de résilience écrit en pensées pour les collégiens (…). Comme un poème pour ceux qui ont lâché l’affaire et définitivement par épuisement ».
Cette jeune Antigone porte le prénom de Blake. Elle a 13 ans dans deux mois et crée, au début de la pièce, son profil Facebook. En cliquant j’aime à une photo d’une fille de 5e avec sa bande, la réponse ne se fait pas attendre : « Dégage, t’as rien à faire là, de toute façon je t’aime pas. » L’engrenage va s’accélérer, impitoyable. Des messages anonymes sur son portable. Puis des papiers injurieux ou menaçants qui atterrissent sur son bureau en classe. Une photo volée qui circule, la montrant en train de se déshabiller dans le vestiaire d’un gymnase, puis la violence qui devient agression physique.
La pièce est construite en séquences. L’auteure a choisi une forme singulière : « Plusieurs mois seront racontés en sept jours plus un, c’est-à-dire en accéléré, pour servir le temps de la représentation dramatique. Comme dans un cross-country, une course haletante contre la montre, pleine de bourdonnements, de cris et de fureur, car l’essentiel pour l’héroïne est, ici et maintenant, de rester en vie. » Chaque jour de la semaine est suivi d’un verbe. Dimanche : créer, lundi : marcher, mardi : ramper, mercredi : se battre, jeudi : courir, vendredi : écrire, samedi : aimer, dimanche : rêver. Les journées sont ponctuées de Nocturnes, des textes plus haletants, avec ces pensées qui tournent en boucle en attendant le sommeil, ou lors de cauchemars.
L’écriture est rapide, comme un journal de bord, ça va vite, ça file. Le quotidien est tracé avec ces phrases ou ces gestes qui se répètent et dessinent petit à petit un portrait. On suit Blake, sa démarche, ce qu’elle voit dans son trajet pour se rendre au collège, comme les tentes installées de migrants sur la place avec les camionnettes de la Croix Rouge, puis l’arrivée au collège, « le troupeau de sacs sauvages qui se jettent contre les grilles » et son combat pour résister et surmonter la violence.
Ce texte est une belle matière, à fleur de peau et tonique en même temps, un hymne à la poésie, à la pensée et à la lutte pour rester vivant, la poésie ayant tout de même le dernier mot, le prénom de Blake étant un hommage au poète William Blake.

L. Cazaux

Cross, chant des collèges, de Julie
Rossello-Rochet, Théâtrales / Journée de Lyon des Auteurs de Théâtre, 58 p., 10

Antigone Blake Par Laurence Cazaux
Le Matricule des Anges n°179 , janvier 2017.
LMDA papier n°179
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