Nom : Jean. Prénom : Jean. « Mes parents ont certainement eu envie de se payer ma tête à la naissance. » Et pourtant ces parents sont plutôt aimants et à l’écoute de leur Jean Jean. Lui est un adolescent confronté à l’image qu’il se fait de lui-même, à celle que lui renvoient les autres. À l’école, il est transparent. Personne ne le voit, personne ne lui adresse la parole, il n’existe pas. Ce n’est pas faute d’essayer, de tenter de prendre part aux conversations, mais toutes ses tentatives sont vaines. Arthur est le seul avec qui il échange quelques mots, « parce que sa mère et mes parents sont voisins ». Son père, d’origine grecque est parti, alors sa mère lui fait tous les soirs de la moussaka. Et puis il y a Claire. Elle agresse tout le monde et reste seule dans son coin, près des poubelles. Elle vit avec son père qui change régulièrement de copine, et cela ne lui plaît pas du tout. Ces trois-là sont en quête d’eux-mêmes et des autres. Ils voguent entre leur famille et leurs amis et tentent de se créer un personnage auquel ils pourraient croire. Un jour, Jean Jean décide de passer à l’action. Il ne veut plus être un gros naze, celui que tout le monde oublie, alors il organise une party chez lui, The Jean Jean’s Party. En espérant que les choses aillent mieux ensuite… Axel Cornil peint avec justesse ce moment fragile et délicat du sortir de l’enfance. Avec ses enjeux et ses souffrances. Car se construire, c’est aussi se construire dans le regard de l’autre. Et ce regard parfois fait mal. Mais l’auteur sait prendre de la distance. L’humour tendre avec lequel il raconte la vie de ses personnages nous les rend proches ; et lorsque Jean Jean s’adresse à nous, ce qu’il fait souvent, pour nous faire part de ses états d’âme ou de ses résolutions, nous sommes de tout cœur avec lui.
P.G.B.
Jean Jean, d’Axel Cornil
Lansman éditeur, 44 pages, 10 €
Théâtre Jean Jean
janvier 2017 | Le Matricule des Anges n°179
| par
Patrick Gay Bellile
Un livre
Le Matricule des Anges n°179
, janvier 2017.