Après La Fusillade sur une plage d’Allemagne, Théâtre Ouvert publie un deuxième texte de Simon Diard. Toujours troublant. Le lecteur entre dans cette écriture comme dans une enquête sur un groupe d’adolescents. Des jeunes qui se connaissent depuis l’enfance. Leur histoire, leurs inimitiés se sont progressivement enkystées, figées. Dans le même temps, il y a comme une impossibilité de vraiment la raconter, cette histoire, tant elle est quasi fantasmée par ses protagonistes. Dans ce groupe, Gregg martyrise Paul. Et ce depuis plus de dix ans. La toute première fois se serait passée un jour de mardi gras. Gregg, déguisé en zombie, aurait coursé plusieurs enfants, dont Paul. Toute une série d’intimidations, de vexations, de blagues méchantes auraient suivi. Paul progressivement aurait changé de comportement, se murant dans le silence, manquant de plus en plus fréquemment l’école. Un dysfonctionnement mental qui irait en grandissant.
Paul est très longtemps l’absent de la pièce. Nous entendons juste les appels téléphoniques entre lui et sa mère. Ce sont les autres qui parlent de lui. De manière quasi obsessionnelle. Et le font beaucoup parler. Ils imaginent par exemple ses conversations avec sa mère, avec de nombreuses allusions sexuelles. Comme s’ils chargeaient l’absent de toutes les pulsions de sexe et de mort qui les dérangent. Il y aurait comme un phénomène d’attraction-répulsion. Comme un jeu de massacre, jouissif. La culpabilité affleure, à peine. Les dialogues sont tendus, vifs, plutôt dérangeants. Le flux de paroles dessine un portrait de Paul en négatif. Finalement, quand ce dernier apparaît, nous sommes presque surpris. Il pénètre une nuit, armé, dans la chambre de Gregg et le force à le suivre. Tous deux disparaissent.
« Un jour Gregg et Paul n’étaient plus là. (…)/ Ça arrive. Deux ados se sont évanouis sans faire de victimes./ Dans la nature, comme ça sans laisser de traces./ Deux braves garçons selon leurs mamans.(…) Comment comprendre ? »
L. Cazaux
Paranoid Paul (you stupid little dreamer)
de Simon Diard
Tapuscrit Théâtre Ouvert, 120 pages, 10 €
Théâtre Paranoid Paul (You stupid little dreamer)
juillet 2017 | Le Matricule des Anges n°185
| par
Laurence Cazaux
Un livre
Par
Laurence Cazaux
Le Matricule des Anges n°185
, juillet 2017.