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Théâtre Une utopie en actes

octobre 2017 | Le Matricule des Anges n°187 | par Patrick Gay Bellile

Le festival de théâtre de Nancy ouvre et referme les pages de son histoire. Une histoire sans pareille.

Le Festival mondial du théâtre de Nancy : Une utopie théâtrale (1963-1983)

24 avril 1963 : le premier Festival de théâtre universitaire de Nancy ouvre ses portes, porté par un jeune étudiant en droit qui deviendra l’emblématique ministre de la Culture de François Mitterrand : Jack Lang. La guerre d’Algérie prend fin, et, hasard de l’histoire, peut-être, l’Algérie sera l’un des rares pays à n’avoir jamais envoyé de compagnie au festival. Cinquante ans plus tard, et trente ans après la fin du festival, Adrien Duprez, le dernier président de la manifestation, rappelle qu’un reliquat financier existe, placé sur un compte en banque, que ce reliquat a fructifié pendant toutes ces années, et qu’il conviendrait d’en faire quelque chose. Rapidement, l’idée puis la décision de consacrer cette somme à l’écriture d’un livre retraçant l’histoire du festival prennent corps et s’imposent. Jean-Pierre Thibaudat, l’un des meilleurs connaisseurs du monde théâtral, est sollicité. Il accepte, se met au travail, consulte les archives, les articles, les photos, les journaux personnels des différents protagonistes. Il rencontre et questionne des témoins, mobilise leurs mémoires. Et puis il organise, trie, rédige, complète, fouille encore, et c’est le résultat de ce chantier qu’il publie aujourd’hui : un beau et gros livre, à l’écriture précise et soignée, accompagnée d’une iconographie passionnante qui, outre les photos, nous propose aussi des reproductions d’affiches, de courriers et de certains documents d’époque.
Chronologique, le récit suit et relate année après année la vie du festival. Tout y est : la liste des troupes invitées, mais aussi celles qui n’ont pas pu venir, pour des raisons politiques souvent, les temps forts, les surprises, les ratages, car il y en eut, mais aussi les débats internes, les affrontements inévitables, le fonctionnement de la structure, les rapports entre les uns et les autres, jusqu’aux indications météorologiques tant il est vrai que la couleur du ciel n’est pas sans incidences sur une manifestation qui multiplie les spectacles en plein air. Chaque année est située dans son contexte politique par un petit encart l’introduisant et indiquant succinctement les événements marquant du moment. « Je mesurais combien il était important de raconter l’aventure de ce Festival qui est celle d’une utopie en actes à une époque, la nôtre, où l’utopie fait cruellement défaut. » Jean-Pierre Thibaudat a su trouver la bonne distance d’écriture pour son projet. Il ne participe, en tant que journaliste à Libération, qu’aux dernières éditions mais il relate tout au présent, faisant de nous les spectateurs virtuels et privilégiés de ce qui fut l’une des grandes manifestations théâtrales du XXe siècle, actant le bouleversement de la sphère théâtrale et son ouverture au monde.
Dès la seconde édition, en 1964, le festival devient le Festival mondial du théâtre universitaire de Nancy, puis en 1966, le Festival mondial du théâtre. Programme ambitieux mais pari tenu : chaque année, des prospecteurs se partagent le monde et partent à la recherche de formes nouvelles ou traditionnelles, connues ou totalement ignorées, tout ce qui peut témoigner de la richesse et de la novation d’un art qui menace à l’époque de se scléroser. Les troupes ne sont pas payées, Internet, Facebook, les réseaux sociaux n’existent pas, et c’est donc à coups de milliers de lettres, d’enveloppes et de timbres que Jack Lang peut donner à son festival l’aura et la renommée qui furent les siennes. Avec un budget trop faible et un engagement municipal très relatif, l’équipe réussit, grâce entre autres à une armée de bénévoles, à mettre sur pied et à développer une manifestation qui regroupe et fait découvrir au fil des ans tous ceux qui deviendront les héros de la création théâtrale : Tadeusz Kantor, Pina Bausch, Bob Wilson, Patrice Chéreau, Dario Fo, mais aussi des groupes venus d’un peu partout, et qui passé le moment de gloire nancéien replongeront dans l’anonymat. La liste est longue de tous ceux qui ont marqué le festival avant de conquérir le monde. Après la lecture du livre, une fois refermé la dernière page, le lecteur se dit qu’il aimerait y avoir été ; et que quelque part grâce à Jean-Pierre Thibaudat, il y a été. Patrick Gay-Bellile

Le Festival mondial du théâtre de Nancy :
une utopie théâtrale 1963-1983
, un récit
écrit par Jean-Pierre Thibaudat
Les Solitaires intempestifs, 400 pages, 23

Une utopie en actes Par Patrick Gay Bellile
Le Matricule des Anges n°187 , octobre 2017.
LMDA papier n°187
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