Ces nouveaux textes d’Alexandra Badea mettent tous deux en jeu une jeune femme qui décide de s’ouvrir au monde. Dans la première pièce, À la trace, Clara retrouve, à la mort de son père, dans les affaires de ce dernier, le sac d’une femme avec une carte d’identité au nom d’Anna Girardin. Comme un détective à la recherche d’un mystère enfoui, Clara part à travers le monde, pour retrouver les Anna Girardin qu’elle suit à la trace sur le Net. Ce voyage est une quête d’identité et de liberté. La pièce est écrite en une alternance de séquences, d’un côté le voyage de Clara et ses rencontres avec quatre Anna Girardin, de l’autre le trajet d’une cinquième Anna, une marchande d’art qui parcourt la planète et ne vit que des rencontres virtuelles sur des sites internet, lui permettant de réinventer sa vie, entre mensonges et moments de vérité.
Le texte interroge le rapport à la maternité avec l’envie de sortir du politiquement correct. Exemples de questions qu’il pose : peut-on être femme sans être mère ? Peut-on abandonner son enfant par excès d’amour ou pour ne pas lui transmettre les névroses familiales ? Comment fonctionne la transmission entre femmes ? Avec en toile de fond cette nécessité, souvent évoquée par Alexandra Badea, d’un mode d’emploi, cette fois-ci de la maternité.
La seconde pièce, Celle qui regarde le monde, a été créée pour un public scolaire. Il y a trois personnages : Enis, celui qui crie. Déa, celle qui regarde et découvre le monde. Et le commissaire. Déa voulait aider Enis, un réfugié, à passer la frontière pour rejoindre l’Angleterre. Mais Enis est repéré par un détecteur de battements cardiaques et arrêté. Déa est alors interrogée par un commissaire qui cherche à savoir si elle n’est pas radicalisée. La pièce est plus convenue dans les discours portés par la jeune fille, même si ces paroles sont nécessaires à entendre aujourd’hui car ils portent le rêve d’une autre société où « la vie pourrait avoir un autre sens que de dominer, de posséder, de s’endetter et d’avoir peur de l’autre ».
L. Cazaux
À la trace / Celle qui regarde le monde, Alexandra Badea
L’Arche, 94 pages, 13 €
Théâtre À la trace / Celle qui regarde le monde d’Alexandra Badea
février 2018 | Le Matricule des Anges n°190
| par
Laurence Cazaux
Un livre
À la trace / Celle qui regarde le monde d’Alexandra Badea
Par
Laurence Cazaux
Le Matricule des Anges n°190
, février 2018.