Après ses 76 clochards célestes en 2016, Thomas Vinau revient avec 76 nouveaux portraits, non plus de poètes maudits ou de marginaux, mais d’artistes « inconsolés », tous plus mélancoliques et désespérés les uns que les autres. Parmi eux, on retrouve des écrivains (Jacques Abeille, Raymond Federman, Jim Harrison…), mais aussi des chanteurs français (de Fréhel à PNL, en passant par Higelin) et étrangers (Amy Whinehouse ou Prince), des comédiens (Jean Rochefort ou Guillaume Depardieu), etc. Les lecteurs qui connaissent l’œuvre foisonnante de Thomas Vinau s’en doutent : il ne s’agit pas de nous conduire sur ce que Cioran appelait « les cimes du désespoir », mais de nous inviter à puiser dans la bile noire de ces artistes l’énergie nécessaire pour affronter la morosité du quotidien. Tous ces artistes « qui se sont échinés à ne pas plier l’échine » sont pour le poète une source de réconfort : « leur art est une flamme. » Ce n’est pas à un exercice d’admiration que se livre Vinau, mais à un exercice d’invocation : avec délicatesse et pudeur, il esquisse en quelques pages, parfois en quelques lignes, le portrait de ses « copains antichagrin ». Et à chaque fois, il dégotte la formule qui fait mouche : l’écriture de Ken Kesey n’est en effet rien d’autre que « la chanson d’une tronçonneuse » et la voix de Philippe Léotard « un blues d’ivrogne dans le cœur d’un bébé ». On se promène dans Des étoiles et des chiens comme dans une galerie, passant d’un portrait à un autre, avec curiosité et reconnaissance.
Éric Bonnargent
Des étoiles & des chiens.
76 inconsolés, de Thomas Vinau
Le Castor Astral, 207 pages, 15 €
Domaine français Des étoiles et des chiens : 76 inconsolés
juillet 2018 | Le Matricule des Anges n°195
| par
Eric Bonnargent
Un livre
Par
Eric Bonnargent
Le Matricule des Anges n°195
, juillet 2018.