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Domaine français Habitude des bêtes

septembre 2018 | Le Matricule des Anges n°196 | par Martine Laval

Habitude des bêtes

Ce roman d’apprentissage, combinaison d’aventures ou d’expériences diverses, n’appartient pas qu’aux récits de jeunesse. Benoit Levesque, le narrateur de L’Habitude des bêtes, avoue à mi-chemin de sa confession ses 70 ans. Angoisse. Panique. Il lui faut apprivoiser la perte, la mort qui s’en vient, inéluctable. Il cherche à se réconcilier avec lui-même, peut-être avec quelques autres. Lui, le type à l’égocentrisme gros comme un trou noir vit désormais sur le bord d’un précipice : « J’avais été heureux, comblé et odieux. En vieillissant, je m’en suis rendu compte, mais il était trop tard. Je n’avais pas su être bon. » Bon, ni avec sa famille, ni avec les autres. Dentiste genre machine à fric sur les réserves indiennes, il ne vit pour que pour la chasse et la pêche. À bord de son hydravion, il vole vers le nord. Il est seul, il est roi. Mais à la cinquantaine, il a craqué de façon radicale, a tout envoyé balader, « le canapé blanc, la moquette blanche », femme, enfant, boulot. Il s’est installé au fond d’une forêt dans le Saguenay avec pour seule compagnie, un chiot offert par un Indien, un geste gratuit, si bienveillant que le voilà chamboulé. Il lutte – « J’étais plongé dans l’absurdité du monde. Je savais que j’allais me dissoudre dans le néant, et je résistais. » –, fait de l’autocritique une bouée de sauvetage, croit dompter la solitude, trouver la paix. Tout cela va évidemment se fissurer…
La Québécoise Lise Tremblay manipule le faux suspense et l’étrangeté. Elle installe tout doux un climat d’inquiétude, joue avec l’environnement (forêt sombre, traces de loups, rumeurs légendaires…) comme avec son narrateur. Elle le houspille, lui enseigne compassion et humilité : savoir pleurer, autrement dit… savoir aimer. Ainsi en est-il du pouvoir des bêtes : apprendre à l’Homme sa part d’humanité. Roman éclair – 125 pages – et pourtant complexe, dense, L’Habitude des bêtes est un chant à la rédemption sans une once d’apitoiement. L’écriture franche, dépouillée, comme essorée à l’extrême, embrasse une multitude d’interrogations, dont l’ultime : à défaut d’avoir su vivre avec générosité, comment vieillir et comment mourir ?

Martine Laval

L’habitude des bêtes de Lise Tremblay
Delcourt, 125 pages, 15

Le Matricule des Anges n°196 , septembre 2018.
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