La lettre de diffusion

Votre panier

Le panier est vide.

Nous contacter

Le Matricule des Anges
ZA Loup à Loup 83570 Cotignac
tel ‭04 94 80 99 64‬
lmda@lmda.net

Connectez-vous avec les anges

Vous n'êtes actuellement pas identifié. Pour pouvoir commander un numéro, un abonnement ou bien profiter, en tant qu'abonné, des archives en ligne, vous devez vous connecter avec votre compte.

Retrouver un compte

Vous avez un compte mais vous ne souvenez plus du mot de passe ? Vous êtes abonné-e mais vous vous connectez pour la première fois ? Vous avez déjà créé un compte, peut-être, vous ne savez plus trop ?

Créer un nouveau compte

Vous inscrire sur ce site Identifiants personnels

Indiquez ici votre nom et votre adresse email. Votre identifiant personnel vous parviendra rapidement, par courrier électronique.

Informations personnelles

Pas encore de compte?
Soyez un ange, abonnez-vous!

Vous ne savez pas comment vous connecter?

Poches Chroniques italiennes

février 2021 | Le Matricule des Anges n°220 | par Anthony Dufraisse

Tirant sur une cigarette : ainsi Cesare Pavese est-il crayonné sur la couverture de Travailler use, un choix de textes établi et préfacé par Carlo Ossola, écrits qui datent du milieu des années 30. Léo Texier, qui traduit et introduit l’ensemble (il a préféré l’idée de l’usure à celle de la fatigue dans le titre originel), donne des clés de l’imaginaire de ce Pavese dont on connaît surtout, évidemment, le journal intime, un astre noir, Le Métier de vivre. Quel est-il l’univers poétique pavésien ? Pour celui qui se suicida à l’été 1951, il s’agit de créer une « poésie-récit », comme il l’écrit dans un texte reproduit en appendice. Se tenir loin du « lyrisme facile et avachi des fabricants d’images », ne pas donner dans « la décoration gratuite », telle se revendique l’approche poétique de l’Italien aux lunettes rondes. Ces « petits poèmes matérialistes », comme il dira encore, relèvent de la chronique, la narration se voulant objective, travaillée parfois en son fond par un désir d’épique. Mais ni héros mythologique ni figure emblématique de l’Histoire dans ces pages, seulement des silhouettes anonymes qui passent dans l’existence sans laisser de traces. Ce sont souvent des corps enchaînés au pavé de Turin ou enracinés, à jamais liés à la terre, « ce sol réel ». Hommes, femmes, jeunes, vieux, tous ou presque pantins sans lendemain, marionnettes d’ivresse, que Pavese regarde à distance, l’œil dur quelquefois. Il dit « les misères, la faim et les espérances trahies », s’attache aux « choses prégnantes de la vie », raconte un monde éclairé par des « étoiles ambiguës », placé sous le signe du songe éveillé. « C’est un jeu risqué que de prendre part à la vie », lit-on à un moment – une réflexion qui pourrait servir de blason à cet ensemble de pièces touchantes par leur profonde authenticité. Ce sont les dés du destin qui décident : vide ou vive, la vie va et vient, et Pavese en est l’amer et sincère mémorialiste.

Anthony Dufraisse

Travailler use
Cesare Pavese
Traduit de l’italien par Léo Texier
Rivages poche, 158 pages, 8,50

Chroniques italiennes Par Anthony Dufraisse
Le Matricule des Anges n°220 , février 2021.
LMDA papier n°220
6,50 
LMDA PDF n°220
4,00