Je m’appelle Koko. J’ai une belle voix il paraît. (…) C’est ce que tout le monde disait au village. Que je chante bien. » Cette Koko existe vraiment. Et elle chante bien. Grande artiste camerounaise promise à une belle carrière, Koko Ateba voit son élan coupé net parce qu’un jour, chantant devant le président Paul Biya et son épouse, l’une de ses chansons est perçue comme une allusion ironique à l’infertilité de la présidente. Arrêtée, emprisonnée deux mois, elle quittera finalement le Cameroun pour la France où elle reprendra ensuite sa carrière. Edouard Elvis Bvouma s’empare de cette histoire et sa magie du verbe la transforme en un conte initiatique et joyeux : Nono est une jeune fille, fan absolue de Koko. Elle s’habille comme elle, se coiffe comme elle et rêve de devenir chanteuse elle aussi. Mais son père, proche du pouvoir, a d’autres ambitions. Alors elle va devoir se battre, affronter les préjugés, et apprendre à défendre ses points de vue. Elle finira par rencontrer Koko et chantera avec elle. Et Koko lui donnera sa guitare, comme un témoin transmis de femme à femme.
Et puis il y a la grand-mère, M’Bombo, figure tutélaire qui a élevé Koko après la mort de sa fille, qui lui racontait des histoires, celles de la famille mais aussi les contes merveilleux dont les cultures africaines sont si riches. C’est sa grand-mère qui lui chantait Atemengue quand elle était petite, la chanson qui a fait scandale. Et ces trois personnages féminins nous entraînent dans ce monde si dur aux femmes mais qu’elles ont choisi d’affronter parce qu’elles veulent y vivre. La langue d’Edouard Elvis Bvouma nous entraîne elle aussi : chatoyante et colorée, jouant avec les allitérations et les sonorités : « Elle me hante déchante s’entête à chanter à tue-tête dans ma tête déjantée ». Elle écrit un grand poème, un hymne à la jeunesse, aux rêves et à la liberté. Le lecteur suit ces deux destins parallèles, ces deux lignes qui finiront par se rencontrer et Nono aura le dernier mot : « C’est décidé à partir de ce soir je chanterai le poing levé. »
PGB
Not koko’s notes
Edouard Elvis Bvouma
Lansman, 64 pages, 11 €
Théâtre Not koko’s notes, d’Edouard Elvis Bvouma
juillet 2021 | Le Matricule des Anges n°225
| par
Patrick Gay Bellile
Un livre
Not koko’s notes, d’Edouard Elvis Bvouma
Par
Patrick Gay Bellile
Le Matricule des Anges n°225
, juillet 2021.