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Théâtre S’inventer des ailleurs

juillet 2021 | Le Matricule des Anges n°225 | par Laurence Cazaux

Frédéric Sonntag cite en exergue de sa pièce le psychanalyste Pierre Bayard avec un extrait de son livre Il existe d’autres mondes : « Les vies que nous n’avons pas vécues, les êtres que nous n’avons pas aimés, les livres que nous l’avons pas lus ou écrits, ne sont pas absents de nos existences. Ils ne cessent au contraire de les hanter, avec d’autant plus de force que, loin d’être de simples songes comme le croient les esprits rationalistes, ils disposent d’une forme de réalité, dont la douceur ou la violence nous submerge dans les heures douloureuses où nous traverse la pensée de tout ce que nous aurions pu devenir. »
Frédéric Sonntag s’emploie à créer ces autres mondes, en mettant en jeu quatre personnages principaux (parmi une trentaine de figures) : Jean-Yves Blanchot, un physicien français reconnu pour ses recherches, son fils Anthony, Alexei Zinoviev un auteur de science-fiction soviétique et sa fille Anna. Les deux pères travaillent, chacun dans leur domaine, à établir l’existence de mondes parallèles. Frédéric Sonntag pousse la proposition à l’extrême, allant jusqu’à offrir à chaque personnage plusieurs biographies possibles. Tout en restant hyper vraisemblable, les personnages passant par exemple dans l’émission de Bernard Pivot, faisant des conférences, leurs enfants étant interrogés régulièrement sur leurs souvenirs. Il y a quelque chose de vertigineux dans la proposition du dramaturge, il développe l’illusion que constitue la notion même de temps en faisant exploser le passé, le présent et le futur et évoque, par le biais de ses personnages, les particules et les antiparticules, ce qui permettrait d’imaginer à l’intérieur de nous-mêmes, un anti-nous-même : « Il est celui que je ne suis pas, mais sans lequel je ne serais étrangement pas moi-même. »
Au bout du compte, l’écrivain prône le pouvoir de l’imagination pour permettre l’avènement d’autres possibles. Et de citer, dans une pirouette, l’essai inédit de l’un de ses personnages : « La littérature n’est pas là pour consoler. Elle ne doit entretenir aucun espoir. Elle doit provoquer une sidération nécessaire à l’avènement d’autres mondes. Et opposer ainsi à l’absence d’alternative la multiplicité des possibles. »
Car la pièce met en lumière l’aveuglement de notre société, bloquée dans un éternel présent, où le progrès est la cause même de sa destruction : «  Les formes modernes du capitalisme avancé (société de consommation, société des médias, société du spectacle) se caractérisent par la perte du sens de l ’histoire, non seulement du passé mais aussi des futurs. Par un enfermement dans un éternel présent qui absorbe passé et futur comme un trou noir absorbe la matière. Le passé s’obscurcit, l’horizon du futur s’estompe, le présent se répète, toujours égal à lui-même. Ainsi éternisé, le présent apparaît comme le seul monde possible. (…) Cette atrophie de l’imagination utopique constitue un des symptômes du capitalisme dans sa forme actuelle. »
Alors que vivent les récits utopiques pour ouvrir les nouveaux horizons et nous pousser vers D’autres mondes.

Laurence Cazaux

D’autres mondes
Frédéric Sonntag
Éditions Théâtrales, 78 pages, 12

S’inventer des ailleurs Par Laurence Cazaux
Le Matricule des Anges n°225 , juillet 2021.
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