La lettre de diffusion

Votre panier

Le panier est vide.

Nous contacter

Le Matricule des Anges
ZA Loup à Loup 83570 Cotignac
tel ‭04 94 80 99 64‬
lmda@lmda.net

Connectez-vous avec les anges

Vous n'êtes actuellement pas identifié. Pour pouvoir commander un numéro, un abonnement ou bien profiter, en tant qu'abonné, des archives en ligne, vous devez vous connecter avec votre compte.

Retrouver un compte

Vous avez un compte mais vous ne souvenez plus du mot de passe ? Vous êtes abonné-e mais vous vous connectez pour la première fois ? Vous avez déjà créé un compte, peut-être, vous ne savez plus trop ?

Créer un nouveau compte

Vous inscrire sur ce site Identifiants personnels

Indiquez ici votre nom et votre adresse email. Votre identifiant personnel vous parviendra rapidement, par courrier électronique.

Informations personnelles

Pas encore de compte?
Soyez un ange, abonnez-vous!

Vous ne savez pas comment vous connecter?

Domaine français Je ne sais même plus quelle tête il a

juillet 2021 | Le Matricule des Anges n°225 | par Camille Cloarec

Je ne sais même plus quelle tête il a

Une chose est arrivée, j’aurais dû ne pas regarder, j’aurais dû faire demi-tour au bord du torrent, j’aurais dû suivre les rails, je ne l’ai pas fait, le jardin d’Eden est derrière moi » Ainsi s’ouvre le premier ouvrage de Véronique Willmann Rulleau, dont les 77 fragments poétiques définissent avec délicatesse les contours sans cesse mouvants du traumatisme. Véritable fil conducteur du récit, l’élément aquatique sous-tend ses paysages (mer, ruisseaux, courants) et ses mouvements (« Mécanique des fluides », « Dynamique des flux »), symbolisant le caractère insaisissable de la mémoire traumatique. Alors que le passé se dévide, avec son lot de souvenirs, de fantômes et de regrets, des silhouettes vagues surgissent. Toutes exclusivement masculines, évoquées selon des périphrases (« le garçon à la gourmette », « l’homme au bouc », « l’homme aux fleurs »), noyées dans la brume. « Sa mémoire ressemble à un capharnaüm. Que d’hommes. Une caverne emplie d’hommes », écrit-elle d’ailleurs. C’est que la violence du vécu est intrinsèquement liée à leur existence, qui représente une menace directe pour la narratrice. Ce qui s’est passé – une voiture verrouillée, un corps dressé, une enfance arrachée – va et vient, apparaît et disparaît, sans jamais quitter le texte. Il s’agit d’évocations diluées, d’indices éparpillés, d’échos diffractés. L’onirisme est une manière d’exprimer la déchirure avec pudeur (« Mi-Janus, mi-Gorgone, mon visage est estampé pour la vie qui reste. Ma propre Atlantide, elle, gît dans une faille temporelle, la mémoire du trauma »), tout en ouvrant la voie à une forme de guérison.
Car l’on devine que l’écriture de Je ne sais même plus quelle tête il a, entre douleur et libération, répond à une nécessité presque vitale de s’affranchir de sa propre histoire. Oscillant entre poème, conte et autobiographie, Véronique Willmann Rulleau nous offre un premier livre tout à la fois lourd et lumineux, qui frappe par son originalité formelle.

Camille Cloarec

Je ne sais même plus quelle tête il a
Véronique Willmann Rulleau
Signes et Balises, 136 pages, 14

Je ne sais même plus quelle tête il a Par Camille Cloarec
Le Matricule des Anges n°225 , juillet 2021.
LMDA PDF n°225
4,00 
LMDA papier n°225
6,50