Billy est un garçon de 11 ans qui parle vite et beaucoup. C’est l’avis de Mme Cocker sa maîtresse. « En fait, ce qu’elle a demandé, c’est si j’avais pas une pile Duracell cachée derrière la tête. Parce que je ne m’arrête jamais. Jamais. Et même quand elle croit que je vais m’arrêter, que je vais finir par m’épuiser… Je m’arrête jamais, je m’arrête jamais de parler. » En classe, impossible pour lui de rester immobile. Les médecins diagnostiquent un TDAH, trouble du déficit et de l’attention avec ou sans hyperactivité. « Et pourquoi il a fallu que tout le monde gâche tout parce que tout allait très bien bien bien avant et maintenant je suis comme un insecte dans un bocal avec une étiquette que tout le monde peut regarder et examiner et commenter comme si j’étais pas là. » Ce diagnostic précipite la séparation de ses parents. Alors Billy parle tout le temps dans sa tête à son père absent. Il lui raconte comment il prend bien ses médicaments, espérant le faire revenir à la maison. Et comment il prend soin d’une vieille ruche et de l’équipement d’apiculteur que lui a donnés son père. Billy se sent bien avec les abeilles, comme lui elles bougent tout le temps. Evan Placey nous fait ressentir ce qui se passe dans la tête d’un garçon qui se sent stigmatisé, il livre un monologue électrique, à la ponctuation perturbée, entrecoupé de multiples séquences où les phrases peuvent s’enchaîner à toute vitesse, ou au contraire se suspendre un temps. C’est une pièce sensible, qui montre toute l’incompréhension qui entoure Billy. Elle nous pose cette question : face à la différence, est-ce seulement à l’enfant de s’adapter, quitte à subir un traitement médicamenteux ?
L.C.
Billybeille
Evan Placey
Traduit de l’anglais par Adélaïde Pralon
Théâtrales jeunesse, 66 pages, 8 €
Théâtre Billybeille
octobre 2021 | Le Matricule des Anges n°227
| par
Laurence Cazaux
Un livre
Par
Laurence Cazaux
Le Matricule des Anges n°227
, octobre 2021.