Souvenirs d’un chasseur de trésors littéraires
Cette version revue et augmentée de quelques inédits du même volume paru à l’enseigne des éditions Allary en 2018 permet de suivre celui qui est parvenu à apposer sa signature sur au moins 20 millions de volumes (« Collection dirigée par Jean-Claude Zylberstein »). Tour à tour critique musical pour Jazz Magazine, critique de polars pour le Nouvel Obs, directeur de collection chez Laffont (« Pavillons ») et surtout chez 10/18 (« Domaine étranger » et « Grands détectives »), avocat (et en tant que tel défenseur de Françoise Sagan ou de Daft Punk), et grand artisan des Œuvres complètes de Jean Paulhan, Zylbertsein a su mettre à profit son insatiable curiosité et sa vocation « de sauver de l’oubli des œuvres et des écrivains passés de mode ».
Ce portrait en actes est d’abord un recueil de rencontres. On l’y surprend prenant un petit-déjeuner en compagnie de Duke Ellington, visitant Paris aux côtés de John Coltrane, ou réalisant un entretien de Simenon dans sa grande maison d’Épalinges. Mais on l’y voit surtout se battre sur tous les fronts (pour ses enthousiasmes comme pour ses intuitions, rarement mauvaises), ressortir de l’ombre les nouvelles de Dashiell Hammett, assurer un lectorat à La Conjuration des imbéciles, le chef-d’œuvre de John Kennedy Toole, et imposer des écrivains comme Jim Harrison, John Fante, Mario Rigoni Stern…Dans ces pages, Zylberstein s’efforce aussi de remercier tous ceux qui l’ont aidé à devenir ce qu’il est devenu (au premier rang desquels se trouve sa compagne Marie-Christine, à qui il rend un bel hommage) et à bâtir cette vie bien remplie que l’on dévore comme un roman. Dommage que ce volume soit aussi le lieu à l’intérieur duquel il s’emploie à élever sa propre statue (tout en affirmant n’être « guère enclin à gonfler (son) « Je » »), allant jusqu’à consacrer un chapitre entier aux décorations qu’il a reçues. Son parcours, à lui seul, suffisait à forcer le respect.
D. G.
Souvenirs d’un chasseur de trésors littéraires
Jean-Claude Zylberstein
Christian Bourgois, « Titres », 456 pages, 12 €