John Muir (1838-1914) quitta l’Écosse à l’âge de 11 ans, « filant vers nos destins sur les ailes du vent, nous prîmes le train pour Glasgow, d’où nous fîmes voile joyeusement, loin de notre Écosse adorée, le cœur aussi léger et aussi insouciant que les graines de chardon. (…) Nous étions trop jeunes et trop pleins d’espoir pour redouter ou regretter quoi que ce fût, mais assez grands pour convoiter impatiemment l’immensité américaine ». Et si un quidam a profité de l’espace américain, c’est bien John Muir, multipliant les périples dans la nature, devenu par la force des choses l’un des premiers naturalistes modernes dont l’œuvre se perpétue sans mal, lue par tous, en particulier dans la Sierra Nevada de Californie ou la vallée de Yosemite dont il fut un visiteur inquiet, et un protecteur. La réédition de ses souvenirs de jeunesse rend parfaitement la dynamique qui a poussé Muir toute sa vie. Toute la nature contribuait à satisfaire cet homme simple et « Dans nos solitudes, pourtant, rien ne donnait aux garçons comme nous, ni à personne, de récolte plus généreuse, plus précieuse (…) que les pastèques et les melons. Dès le printemps venu, nous plantions un grand carré sur un coteau ensoleillé et il semblait purement miraculeux qu’une poignée de petites graines plates puissent produire en quelques mois une centaine de charretées de ces fruits croquants, savoureux, à la chair jaune ou rouge, et qui recouvraient toute la colline. Nous avons vite fait d’apprendre à quel moment ils atteignaient la perfection ». Puis il y eut pour lui les études et l’envol définitif : « Ce fut du haut d’une colline qui domine la rive septentrionale du lac Mendota que pour la dernière fois j’enveloppai d’un long regard mélancolique l’esplanade et les bâtiments magnifiques de l’université où j’avais passé tant de jours signalés par la faim, par le bonheur et l’espérance, et de là, que, les yeux mouillés de larmes, je dis adieu à mon alma mater vénérée. Je ne faisait pourtant que quitter une université pour une autre, celle du Wisconsin pour l’université de la Nature Sauvage. »
É. D.
L’Appel du sauvage
John Muir
Traduit de l’anglais par André Fayot
Postface de B. Fillaudeau
Corti, 224 p., 19,50 €
Domaine étranger L' Appel du sauvage
février 2022 | Le Matricule des Anges n°230
| par
Éric Dussert
Un livre
Par
Éric Dussert
Le Matricule des Anges n°230
, février 2022.