Papier machine N°13 (Couette)

Adepte de l’écriture inclusive, de la liberté de ton, d’un humour singulier, d’anticlopédisme, de poésie et de littérature, la revue belge Papier Machine traque les mots : « Choisir un mot, c’est questionner les lianes qui relient le mot et la chose, qui s’accrochent et se tissent à ces autres végétaux que sont nos structures de pensées, nos paradigmes dominants, nos discours sous-jacents. » Après « Loupe », « Paillasson » et « Grue », ce treizième numéro s’enfonce dans « Couette » d’une manière assez elliptique et paradoxalement beaucoup de fraîcheur. Arthur Lacomme avec « Le mot qui sonne » passe de couette à édredon, pour mieux parler canard. Dans « Le laboratoire linguistique », Aldwin Raoul s’entretient avec Marie Steffens et ensemble ils métamorphosent couette en chouette pour évoquer les automatismes du langage, en fait, du coup… « Fragments d’un discours militant » retrace la vie d’une postière, résistante, responsable syndicale combattant pour l’égalité salariale femme-homme : Marie Couette. De mot à mot, nous dépasserons le « Lucre » et les faux-semblants pour examiner postiche, perruque et extensions capillotractées. Par des « Jeux de ficelle », Hortense Le Ferrand étendra les bras des poulpes, enserrant d’antiques poteries, au-delà d’El Niño et des changements climatiques. Quant à Charles Ronzani et Samuel Challéat, chercheurs et praticiens de l’obscurité, ils évoqueront l’enveloppement de la couette et celui de la nuit à La Réunion et ailleurs. Des pages incongrues, superbes, proches de l’Oulipo, agrémentées de remarquables photos et dessins.
Dominique Aussenac
Papier Machine N°13
112 pages, 18 €