Un livre

Oiseau (guide de survie)

de Marie-Christine Lê-Huu

Editions Lansman

Un enfant. Pas tout à fait comme les autres. Un enfant que tout le monde appelle Oiseau. « Il paraît que déjà tout petit on aurait pu le deviner / Qu’il ne disait rien / Qu’il regardait par la fenêtre / Qu’il parlait avec les oiseaux ». Et puis aussi, « Lucie disait que – t’as rien compris, lui c’est un in vitro et les in vitro, on ne sait pas qui c’est leur vraie mère et leur vrai père qui ont mijoté dans l’éprouvette ! » Un enfant différent donc. Les parents se disputent souvent, l’enfant les entend. À l’école il passe les récréations perché sur un mur, très haut. La première fois les pompiers sont venus, puis le monde s’est habitué. C’est de là qu’il a vu l’accident : une petite fille de l’école à la poursuite d’un ballon, renversée par une voiture. Rien de grave, mais l’enfant a tout vu et n’a rien fait : « J’ai pas protégé ». Il en ressent une grande culpabilité. Il disparaît. Les recherches sont lancées, la télévision s’en mêle, les parents s’accusent mutuellement. Caché, il entend à la radio qu’il est recherché : « Enfant recherché / C’est sûrement criminel / Ne pas avoir regardé assez fort / Pas protégé. » Seul un petit garçon comprend : à l’écoute en classe du poème L’Albatros de Baudelaire, il voit soudain l’enfant comme ce grand oiseau des mers, « que ses ailes de géant empêchent de marcher ». Il a besoin de voler, cet enfant, mais il n’a nulle place pour se poser. Et le petit garçon va raconter tout cela aux parents : « Le père / La mère / Quelque chose en eux s’ouvre / Se libère / Ils ont compris. »
Marie-Christine Lê-Huu a écrit une fable très tendre et très drôle aussi, alternant les petites scènes du quotidien, les listes, les phrases tronquées, morcelées qui racontent la difficulté à dire les choses. Une fable qui nous plonge au cœur d’une enfance que les adultes ont parfois du mal à comprendre.

PGB

Oiseau (guide de survie), de Marie-Christine Lê-Huu
Lansman, 68 pages, 12 €