Vinaigrette
Créée en 2020 par la photographe et poète Sandrine Cnudde, Vinaigrette est une « revue moléculaire de photo/poésie ». Comme en gastronomie, elle offre une portion goûteuse composée de molécules savamment choisies, chaque livraison offrant – pour un prix dérisoire – une photographie originale tirée sur papier Fine Art et un poème du même auteur. Ceux-ci sont choisis tous azimuts, à raison de trois poètes et trois photographes par an. Le spectre des auteurs est assez large : ont d’ores et déjà contribué une danseuse (Janne-Camilla Lyster), une typographe (Sarah Clément), une artiste (Marguerite Bornhauser), un photojournaliste (Corentin Fohlen), une pure poète (Valérie Rouzeau), une autodidacte (Louise Narbo), une comédienne (Amandine Monin). Jusqu’à Duane Michals, le grand photographe américain qui offre un cliché magnifique pour la vingt-deuxième livraison. La revue se porte par voie postale, le corps du texte empaquetant l’image, arborant adresse et timbre. On a vu plus arrogant…
La vinaigrette reste une sauce simple. Les livraisons les plus récentes sont composées par l’artiste d’Arles Nicole Gravier qui joue des photomatons et des codes de la culture de masse, et par Sarah Clément qui sait « Là où le vent a lieu ». Et elle en a fixé une image, « Je lance une machine/ les mots du paysage entrent peu dans le texte/ j’ai raté toutes les vagues et tous les arcs-en-ciel ». De fait, « chaque fenêtre ne peint pas le même ciel », et chaque numéro de Vinaigrette est une surprise totale. On s’y abonne avec l’appétit enfantin d’un collectionneur d’images.
Éric Dussert
Vinaigrette, 6 € la pochette avec tirage photo, abonnement 42 € ; – 503, chemin du Cimetière 30700 Uzès
