La lettre de diffusion

Votre panier

Le panier est vide.

Nous contacter

Le Matricule des Anges
ZA Loup à Loup 83570 Cotignac
tel ‭04 94 80 99 64‬
lmda@lmda.net

Connectez-vous avec les anges

Vous n'êtes actuellement pas identifié. Pour pouvoir commander un numéro, un abonnement ou bien profiter, en tant qu'abonné, des archives en ligne, vous devez vous connecter avec votre compte.

Retrouver un compte

Vous avez un compte mais vous ne souvenez plus du mot de passe ? Vous êtes abonné-e mais vous vous connectez pour la première fois ? Vous avez déjà créé un compte, peut-être, vous ne savez plus trop ?

Créer un nouveau compte

Pas encore de compte?
Soyez un ange, abonnez-vous!

Vous ne savez pas comment vous connecter?

Domaine français Tout pour le froid

juillet 2025 | Le Matricule des Anges n°265 | par Yann Fastier

On se croyait trop vieux, revenu de tout, condamné à remâcher d’une molaire rendue prudente la ragougnasse habituelle des littératures respectables, et voilà qu’une bien nommée Marie-Jeanne vous offre une nouvelle jeunesse en même pas 100 pages. Bien nommée car hallucinogène, assurément, et propre à vous reconfigurer les neurones avec l’élégante désinvolture d’un Boris Vian revenu d’entre les macchabées, la nationalité suisse en plus. Concluant une trilogie amorcée avec La Terre tremblante (2018) et poursuivie avec K comme Almanach (2022), Marie-Jeanne Urech convoque une mère et ses deux garçons – l’aîné et le cadet – à la poursuite, sinon du bonheur, du moins d’un frigo. Parce qu’un frigo « c’est la base (…) du progrès, de l’hygiène, de la mémoire », même dans l’univers en pleine déréliction d’une ville qui s’autodétruit, où tout se troque ou se vole avant de finir dans la grande fosse avec les morts et « tout ce qui ne servait plus ». Un tel argument est évidemment loin d’épuiser cette allègre folie douce qui, en une succession de courtes séquences entrecoupées de dialogues ciselés au coupe-ongles, bricole la langue sur un rythme de valse obstinément ternaire : guère d’adjectifs qui ne soient appuyés de deux autres, guère d’incidentes qui ne volent en triangle au-dessus de la phrase, où le néologisme, en outre, abonde (« Mais vivre dans du beau, ça devait quand même vous éléganter de l’intérieur. ») Leur grandeur amputée relève-t-il du genre post-apocalyptique ? Sans doute, mais à sa manière : sans zombies ni machettes mais avec tambours et trompettes, puisqu’ils auront leur importance.
Sans préjuger du reste de son œuvre – qu’on se promet bien de lire tout entière avant de mourir, et même après si nécessaire –, Marie-Jeanne Urech navigue ici avec une joie communicative dans les mêmes eaux irisées de gazole que Manuela Draeger, avant d’accoster les rives hérissées d’herbes folles des BD de Lucas Méthé (Papa Maman Fiston, etc.) C’est peu dire, mais c’est tout dire.

Yann Fastier

Leur grandeur amputée, de Marie-Jeanne Urech
Hélice Hélas, 116 pages, 16

Tout pour le froid Par Yann Fastier
Le Matricule des Anges n°265 , juillet 2025.
LMDA papier n°265
7,30  / 8,30  (hors France)
LMDA PDF n°265
4,50