auteur Albertine Sarrazin
A propos
Un être de fuite
Albertine Sarrazin, plus souvent emprisonnée que fugitive, a pourtant su inventer une écriture en liberté, réenchanter sa vie fatale, dans une œuvre d’une diversité profuse où parle une voix inimitable.
L’on trouvait souvent, durant les années 70 et 80, dans les bibliothèques familiales même les plus modestes, un duo féminin (d)étonnant : Albertine Sarrazin et Gabrielle Russier. Il pouvait arriver qu’on les confonde : l’une et l’autre étaient passées par la prison et apparaissaient comme des figures à la fois passionnées et tragiques, orgueilleuses victimes d’une société qui les avait rejetées sur ses marges. L’une et l’autre avaient également été incarnées à l’écran, par des actrices alors emblématiques, elles aussi, d’une certaine féminité : Marlène Jobert avait interprété Albertine...
Matricule 5007
Derrière les barreaux de ses cellules comme au travers des embûches d’une existence ensauvagée, Albertine Sarrazin s’invente, sur la page blanche, de plus vastes horizons. Explorons-les en compagnie de Juliette Stella.
Lorsque la lourde porte se referme sur elle, une gardienne la fouille « avec des gestes vacillants d’oiseau affamé », elle se sent ensuite comme une enfant prise au piège dans des « corridors souterrains d’une perfection glacée ». Ainsi Goliarda Sapienza décrit-elle sa découverte de la prison dans son récit L’Université de Rebibbia. Le titre n’est sans doute pas ironique : l’emprisonnement...
Bibliographie
Ouvrages chroniqués
Le Times, journal de prison 1959
de
Albertine Sarrazin
2013
Quel contraste saisissant ! Les textes du Times diffusent une lumière rayonnante, sereine, toute scintillante de maturité et de bonheur. Une lumière de Noël. On en oublierait presque qu’il s’agit d’un journal de prison écrit de décembre 1958 à novembre 1959 par une jeune femme de 20 ans (1937-1967) à la vie déjà très marquée par la mouise et l’aventure. En 1955, Albertine Sarrazin prend sept ans de taule pour le braquage d’une boutique à Paris. Une vendeuse est blessée par balle. En 1957, la fille de l’assistance publique s’évade et se brise l’astragale. Recueillie par un malfrat, Julien...
L' Astragale
de
Albertine Sarrazin
2011
Pour s’évader de la prison dans laquelle elle purgeait sa peine, Anne saute d’un rempart haut de dix mètres. À l’arrivée, elle se casse l’astragale. C’est le début de ce roman. Quelques minutes plus tard, elle se retrouve sur une route à attendre que le hasard fasse passer une voiture. Et le hasard fait drôlement bien les choses. Le premier automobiliste, c’est Julien. Il va la secourir, lui fournir des planques, un peu d’oseille, et devenir son amant. Ce rôle de sauveur, il peut le jouer sans effort : lui aussi il a passé quelques heures « en centrale » (et dans les dernières pages du...
Nouvelles de prison
de
Albertine Sarrazin
2019
Quelle vie de mistoufle ! Albertine Sarrazin, abandonnée à sa naissance en 1937, violée à 11 ans, envoyée en maison de correction par son père adoptif, fugueuse, prostituée, braqueuse, évadée, recondamnée, dix ans de prison… Et pourtant quel talent ! Quelle fraîcheur ! Albertine Sarrazin, un souffle, une écriture vive, innovante mâtinée d’argot, d’anglicismes, de langage châtié. Une voix singulière, émancipatrice. Elle écrivit la majorité de ses douze ouvrages en cellule. Connut un succès fulgurant avec ses romans La Cavale et L’Astragale. Ces Nouvelles de prison sont plus inégales. Trois...