auteur Raymond Carver
A propos
Vertige de l'ordinaire
Comme on l’a vu récemment dans Birdman (ou la surprenante vertu de l’ignorance), Carver est devenu une sorte d’emblème du tragique inscrit dans le quotidien. Le film d’Alejandro González Iñárritu nous montre un Carver d’un réalisme excessivement sombre, sorte d’antidote aux fastes éphémères et illusoires du spectacle hollywoodien, et donne l’occasion de revenir sur le rôle de la banalité quotidienne dans une œuvre désormais reconnue comme « classique ». Ses récits sont en effet ancrés dans la vie quotidienne des années 70 et 80, où le chômeur alcoolique côtoie le représentant de commerce...
Sonate nocturne
La découverte d’une écriture et d’un univers est liée à des sensations qui perdurent avec le temps. On pressent qu’on va y plonger, s’y attarder, cela touche en nous quelque chose d’insaisissable mais d’essentiel. Comme une rencontre qui comptera et bouleversera le cours d’une vie.
Je me souviens parfaitement de l’été 89 durant lequel j’ai lu Carver pour la première fois. Certains diront,...
Innocents
Avant de relire un auteur que j’ai particulièrement aimé lorsque j’avais une vingtaine d’années, je ne peux réprimer une certaine appréhension. Je crains toujours de ne pas retrouver quelque trente années plus tard ce que j’avais pu y mettre alors. Ma lecture de l’époque n’aurait été qu’un prétexte pour servir un autre but, l’œuvre aurait été utilisée pour répondre aux questionnements propres...
Ouvrage chroniqué
Poésie, Œuvres complètes, vol. 9
de
Raymond Carver
2015
Le dernier volume des Œuvres complètes de Carver, rassemblant ses trois livres de poésie, permet de comprendre d’où viennent l’ultra sobriété et la concentration qu’on reconnaît à ses nouvelles.
En 1984, alors que son dernier recueil de nouvelles, Les Vitamines du bonheur, lui permet d’atteindre une reconnaissance inédite dans sa carrière, et de vivre enfin de ses droits d’auteur, Carver cesse d’écrire de la fiction (il y reviendra avec Les trois roses jaunes), au grand dam de son agent et de son éditeur. Ce mouvement de détour, ou d’embardée, pour reprendre un terme nautique, n’avait rien d’arrogant. Carver revenait plutôt vers une forme à laquelle il s’était essayé dans les années 60, publiant d’abord en revue, puis un ensemble de deux volumes (Near Klamath et Winter Insomnia)....