La rédaction Emmanuel Laugier
Articles
Des livres
Recueil collectif de recettes d’hiver
de
Louise Glück
L' Iris sauvage / Meadowlands / Averno
de
Louise Glück
Tout est à ramasser, à sentir
Louise Glück, que le prix Nobel de littérature couronna en 2020, laisse des livres dont les expériences cellulaires indiquent l’éclosion de toutes choses.
Dès ses premiers livres jusqu’à Ararat (1990), encore inédit en français, qui précède de deux ans le livre qui la fera connaître (L’Iris sauvage, prix Pulitzer), on sent chez Louise Glück (née à New York et issue d’une famille juive hongroise) une façon tout à elle de camper les scènes, ouvertes et énigmatiques, de chacun de ses poèmes. À l’exemple de l’un d’entre eux, où la narratrice évoque sa propre absence : « Je ne me vois jamais, debout sur le perron, tenant la main de ma sœur./C’est pourquoi je ne peux pas expliquer/les bleus sur son bras, à l’endroit où la manche se termine »...
Le sans nom
Avec Sentes dans le temps, le poète et traducteur Jean-Claude Schneider continue à creuser dans un vers presque baroque ce qui vient séparer les mots de nos perceptions. Ce qui, comme on dit couramment, laisse sans mot. Ce reste donc silencieux, sur lequel les mots ne collent pas, tout justes bons qu’ils sont à glisser sur le bord net des choses et à en ramener des petites bribes bien...
Un livre
Je (six inconférences)
de
Edward Estlin Cummings
Strip-tease esthétique
E. E. Cummings, père avec H. Crane et W. C. Williams de l’ultra-modernité américaine, fit sérieusement son autoportrait en 6 inconférences. Complexe et audacieux.
Il semble qu’il y ait quelque chose d’assez typique chez les poètes américains des années 20-50 lorsqu’ils sont appelés à parler de poésie lors de conférences : ils tournent autour du sujet en avouant bien haut leur incapacité d’en faire le tour. Sauf à lire directement leur livre, les voilà à raconter des anecdotes, à brouiller les pistes par des récits autobiographiques, tout en les...
Un livre
Météoriques
de
Gérard Hallier
Tombé du ciel
Gérard Haller publie un premier livre au titre prémonitoire : Météoriques. Sorte de journal traversé par le ciel et la terre, à l’effet désenchanté.
On ne sait pas grand-chose de Gérard Haller, à part qu’il a écrit pour le théâtre et qu’il vit à Paris, qu’il a presque cinquante ans ; qu’il envoyait ses Météoriques par bouts sous papier kraft à ses amis et au philosophe Jean-Luc Nancy. Ça suffit à le lire, sans qu’autre chose vienne troubler. Et ça suffit aussi à ouvrir le volume par une lettre dudit philosophe. Une lettre qu’on peut lire...
Le parti animal
L’ouvrage du poète Nicolas Pesquès sur la peinture de Gilles Aillaud est plus qu’un essai descriptif : c’est un livre qui donne figure, de part en part.
Pour ceux qui n’auraient jamais vu une peinture de Gilles Aillaud, il est aussi facile qu’embarrassant d’en faire sentir l’atmosphère : voici un espace, au cadrage presque photographique, dans lequel un bout de zoo apparaît. On n’y repère dans un coin, mais après un temps l’avoir cru vidé de ses occupants, un singe sur un pneu, ou, au ras d’une eau trouble, le nez massif, orné de deux petites...