La rédaction Guillaume Contré
Articles
Au seuil des images
Lyrique et habitée, la poésie du Cubain José Triana est une chambre aux échos ciselés qui convoque l’enfance et l’étonnement des sensations dans cette remarquable anthologie.
Définir un auteur revient à trancher dans le vif de sa parole », dit dans sa préface la traductrice Alexandra Carrasco, également responsable du choix des poèmes rassemblés dans cette anthologie bilingue – survolant avec générosité une quinzaine de recueils – du Cubain José Triana (1931-2018), qui fut également un dramaturge renommé et souffrit, comme tant d’autres, les aléas politiques de son île natale. D’abord exilé en Espagne pour fuir la dictature de Batista, il connut ensuite l’ostracisme sous le régime castriste avant de s’installer en France.
Proche d’écrivains comme Virgilio...
Diariste insoumis
Une sélection des trois volumes du journal d’Iñaki Uriarte est l’occasion de découvrir une personnalité attachante, revendiquant sa liberté comme sa paresse.
Ni “esprit de sacrifice”, ni “soif de dépassement”, ni “aspiration à l’excellence”. Ni de respect ou de sympathie quelconque pour ce genre de choses. » Le Basque Iñaki Uriarte n’est certainement pas de ces diaristes qui aiment étaler en couches épaisses leur ego sur les longues tartines qu’ils rédigent quotidiennement. Il appartiendrait plutôt, comme le propose avec justesse dans sa préface...
Télescopages temportels
Tous les jours sont un même jour et une infinité d’autres, ce que démontre Didier da Silva dans un almanach où les époques, les anecdotes, les naissances et les morts ne cessent de se croiser.
On peut organiser le temps en belles lignes droites, faire de la succession des jours une avancée inébranlable, sans soubresauts ni passe-droits, le mercredi succédant au mardi, mars à février et le XXIe siècle au XXe. Qu’il soit des postes ou chinois, richement illustré ou froidement pratique, le calendrier est implacable, il impose sa loi à la vie des hommes. On peut, pourtant, le...
Drôle d’oiseau
Un type paumé est embarqué dans une machination politique qui lui échappe. Jean Echenoz a l’art de construire des intrigues aussi alambiquées que réjouissantes.
J’en étais là de mes réflexions quand la catastrophe s’est produite » : ça commence un peu n’importe où, en plein milieu dirait-on, à mi-chemin du climax et de la grisaille quotidienne. C’est l’histoire d’un type sans éclat dont le nom rime – « presque le nom d’un oiseau marin », s’enorgueillit-il – et dont l’existence rime aussi, avec déboires, avec malentendus, avec embrouilles. Car c’est...
Une enquête en fragments
L’écriture virtuose de l’Argentin Juan José Saer sert d’écrin à un récit policier où s’agitent les forces brutes du réel et de l’inconscient.
Si ce roman de 1994 n’atteint pas les sommets de certaines des œuvres précédentes de Juan José Saer telles que Glose ou L’Ancêtre (toutes deux rééditées par Le Tripode, qui continue son travail salutaire de récupération d’un auteur essentiel des lettres argentines), ce texte n’en reste pas moins une belle démonstration de la profondeur de champ à laquelle la prose de l’écrivain du pays...