La rédaction Thierry Cecille
Articles
Paix et guerres
Un adolescent sensible dans la Yougoslavie de Tito : une éducation sentimentale et politique par le Slovène Drago Jančar.
Une fois n’est pas coutume, et sans pour autant rien divulguer d’essentiel, commençons par la fin, le dernier paragraphe : « Quand il prononce ces mots, quand je l’entends murmurer ces mots, il a moins peur, quand j’écris ces mots, j’ai un peu moins peur. Car c’est écrit, c’est le texte, c’est le verbe. Car rien d’autre n’est possible, il n’y a rien hors du verbe, rien sans lui. Danijel sait que c’est ainsi au début comme à la fin, ça ne peut être autrement puisque le verbe était au commencement du monde ». Précisons : le « je » qui parle ici, pour la première fois, est sans doute celui...
Un livre
Dernier Noël de guerre
de
Primo Levi
Levi le messager
Rescapé, scientifique et moraliste, Primo Levi est avant tout un écrivain à la voix juste et forte, quelle que soit la forme choisie. Ces treize nouvelles inédites le prouvent.
Si Primo Levi, dès son retour d’Auschwitz, s’attelle à l’écriture de Si c’est un homme (1947), c’est que l’urgence de témoigner le presse, il veut « fournir des documents à une étude dépassionnée de l’âme humaine » -mais il reconnaîtra par la suite qu’avant la guerre il s’était déjà essayé à l’écriture de nouvelles. Elles constitueront un des pôles de son œuvre multiforme, il y poursuivra...
Un homme déplacé
Intellectuel palestinien exilé aux États-Unis, Edward W. Said nous propose dans ses mémoires à la fois la recréation d’un monde disparu et la complexe quête d’une identité.
La désastreuse actualité dans les territoires palestiniens nous fige dans la stupéfaction et l’angoisse. Nous sommes en quête de voix sûres -Edward W. Said est de celles-là. Alors que sa réflexion s’est portée, dans un livre fondateur, sur L’Orientalisme (Seuil, 1980) ou, plus récemment, sur les rapports périlleux entre Culture et impérialisme (Fayard, 2000), il n’a cessé, parallèlement, de...
Guerre et Terre
C’est à un festin de mots que nous convie ce récit inédit de Julien Gracq, dans une exploration émerveillée du territoire littéraire singulier qu’il inventa et cultiva.
Entre Le Rivage des Syrtes et Un balcon en forêt, entre 1953 et 1955, Gracq consacre ses vacances d’été (n’oublions qu’il était professeur d’histoire-géographie) à l’écriture. Il ne conservera de ce manuscrit de près de 500 pages qu’un court fragment intitulé « La route », qu’il associera à deux autres fragments dans une œuvre rendue ainsi quelque peu mystérieuse, La Presqu’île, publiée en...
Un auteur
Exposer, s’exposer
Explorer l’intime, le comprendre et le donner à comprendre, de soi aux autres : ainsi, pour Annie Ernaux, l’écriture peut-elle permettre « l’éclaircissement de l’opacité de la vie ».
Les œuvres d’Annie Ernaux ont reçu rapidement et généralement un accueil critique favorable, des premiers livres, les plus violents, au prix Renaudot pour La Place, Les Années représentant une sorte de consécration et le Quarto Écrire la vie une sorte de Pléiade anthume. Les réactions furent cependant bien moins positives, allant de la gêne, d’une forme de réticence un peu honteuse, à la...