La rédaction Valérie Nigdélian
Articles
Une révolution amoureuse
Penser ensemble lutte des classes et lutte des sexes ? Un portrait tout en nuances d’Alexandra Kollontaï, figure féministe centrale et singulière de l’Union soviétique naissante.
En 1970, le monde aura suffisamment changé pour que les mots de « propriété privée », « guerre », « faim » ou « monnaie » n’aient plus de sens. L’État, ayant achevé son processus de dissolution, aura laissé place à une fédération de communes auto-organisées où régnera l’égalité, sans riches ni pauvres, sans dominants ni dominés. La cellule familiale bourgeoise ayant fait long feu, hommes et femmes y vivront selon leurs règles et désirs, au gré de libres combinaisons amoureuses et érotiques…
Nous sommes en 1922 quand « celle qui fut la plus authentique représentante du féminisme...
Larmes d’encre
Mettre en mots ce qu’il reste après l’irrémédiable ? Penser l’impensable ? Expérience de la limite avec le journal de deuil de Nathalie Léger.
Cette fois, la femme blessée, c’est elle. Trouée : « c’est le sens du mot “veuf”, “veuve”, le vidé, la vidée ». Après la comtesse de Castiglione dont elle retraçait le narcissisme délétère dans L’Exposition, après le portrait défait de celle qui incarna superbement Wanda dans Supplément à la vie de Barbara Loden ou celui, tragique, de la performeuse Pippa Bacca dans La Robe blanche, cette...
Le feu sous la glace
Habiter les extrêmes, fuir la tiédeur : tout un programme pour l’indispensable premier roman de la poétesse catalane Eva Baltasar.
Ne jamais préjuger du paratexte, cette « zone indécise entre le dedans et le dehors » (pour citer Gérard Genette), où l’on retrouve pêle-mêle, à côté du texte lui-même, titre, dédicaces, préface, notes de bas de page… À ce premier roman d’Eva Baltasar, salué lors de sa publication en Espagne, un titre glacé : Permafrost, auquel le corps nu en couverture donne un étrange contrepoint. « Sol...
Si c’est un homme
Delcourt poursuit sa redécouverte de l’œuvre de William Melvin Kelley, avec le portrait superbement limpide d’un musicien noir du siècle dernier.
Si les choses s’étaient déroulées autrement, j’aurais été musicien », déclarait-il en 1968 au cours d’une interview. On le croit sur parole à la lecture de Jazz à l’âme, son deuxième roman, paru en 1965 aux États-Unis. Trois ans à peine après le coup de maître que fut Un autre tambour (Lmda No207), William Melvin Kelley, qui n’avait alors que 24 ans, continuait d’explorer l’identité noire sur...
Rouge sang
Et Mimì pense qu’il va les tuer tous. Tous, s’ils ne partent pas, s’ils ne partent pas d’ici, s’ils ne le laissent pas seuls, dans ce salon, Mimì va faire un carnage, il va les tuer tous. » Mimì, c’est le chef local de la Sacra Corona Unità, une organisation mafieuse située dans la région des Pouilles. Et s’il est si furieux, c’est que ce salon abrite un cercueil, et que dans ce cercueil...