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Des plans sur la moquette
La chronique de Jacques Serena
Les articles
Le sens de la marche
Je suis chez moi, dans mon jardin, fin d’après-midi, quand tout à coup Pauline débarque. Mon amie Pauline, jeune femme mais allure de fille, pas grande, bonnes joues, sauvage, domiciliée chez ses parents. Des années que je la connais, elle venait à mes premiers ateliers d’écriture sur Toulon et reviens dès qu’elle apprend que j’en refais dans le coin. Comme tout le monde aujourd’hui, elle a du mal à tenir le coup, à supporter les conditions, questionnaires, convocations, comptes à rendre, tout ce qui est à tout bout de champ imposé aux jeunes femmes dans son genre, sauf que chez elle...
Comme des malades
Si les auteurs de romans pouvaient un peu moins contribuer à relayer la version officielle du monde et des événements, ce ne serait déjà pas si mal. Ou au moins s’ils pouvaient remettre en cause l’échelle des importances dans la vie d’un être. Ou seulement jeter l’ombre d’un doute sur les notions de réussite et d’échec, ce serait déjà bien, parce que, quand même, ça devrait être un minimum,...
Sirènes tristes
Les jeunes Françaises sont déprimées. Les jeunes Français tout autant, mais ça me touche moins, forcément. N’empêche, c’est un fait, vérifié par des statistiques tout ce qu’il y a de plus officielles, les jeunes Françaises et Français sont plus pessimistes et déprimés que leurs voisins, qui déjà ne jubilent pas spécialement. C’est, entre autres, la conclusion de la Fondation pour...
Velours souterrains
En fait, je viens de voir dans un magazine les tableaux d’un type soupçonné d’avoir séquestré et torturé à mort trois prostituées. Des tableaux laids, représentant des femmes nues attachées, de vraiment très pénibles croûtes d’amateur éméché, comme on en voit sur les marchés aux puces, mais voilà, ce type est présumé tortureur en série, alors les médias publient son œuvre en pleines pages....
Sa propre sensation du monde
À entendre ce qu’un type dit des autres, on peut se faire une idée assez juste de ce qu’il est. C’est flagrant et amusant avec ceux qui daubent et caviardent, mais valable aussi pour ceux qui aiment et admirent, comme Charles Berling. Je sais de quoi je parle, je viens de passer une semaine dense avec lui, pendant les dernières répétitions de Fin de partie, cette pièce de Beckett qu’il monte...