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Bibliothèque, mon amour
Enjoué et malicieux, l’écrivain gallois Richard Gwyn signe avec ses Invités un hymne à l’imaginaire, à la littérature. Quand l’étrange rencontre la vraie vie.
Il se dit indolent et sans attaches, indifférent au monde. Il revendique sa solitude, la protège jalousement, se montre grincheux si un grain de sable vient chambouler l’ordre des jours, ou plutôt de ses nuits. Car notre narrateur, quadra, ex-globe-trotter, ex-écrivaillon pour guide de voyage ou revues littéraires, est insomniaque. Un insomniaque de la plus belle espèce, de ceux qui en état de veille permanent, oscillent sans cesse entre rêve et réalité, jusqu’à oublier de vivre, ou de se contenter de l’existence des autres, comme ceux à portée de main, dans les volumes d’une...
Le corps neutre
Dans son troisième roman, Catherine Lacey déjoue les déterminismes. Une fable jusqu’au-boutiste sur l’identité et la communauté.
Un être qui fluctue entre homme et femme, dont la peau s’assombrit ou s’éclaircit selon les jours, qui peut avoir l’air d’un enfant comme d’une personne âgée, d’un archange comme d’un domestique, est retrouvé un dimanche, sur un banc, dans l’église de la communauté WASP d’une petite ville américaine. Banc – que l’on baptise ainsi pour pouvoir au moins lui assigner une origine – passe de main...
Cent ombres de Hwang Jungeun
Étrange atmosphère que celle du roman de la Coréenne Hwang Jungeun, où réalisme et fantastique se côtoient, où les deux personnages principaux, les jeunes Mujae et Eungyo, oscillent sans cesse entre l’enfance et l’âge adulte. Étrange, aussi, la distante relation amoureuse qui est la leur, sur fond de recomposition urbaine, d’immeubles qu’on détruit. Comme dilaté, ce livre ne souscrit à aucune...
La mort lente
Au printemps 1870, sous les yeux de son frère Edmond, Jules de Goncourt affronte le délire et l’aphasie : Alain Claude Sulzer scrute cette débâcle.
Tout ce qui dans ces pages va nous être raconté pourrait peut-être s’intituler Histoire d’un déni. Lorsqu’il relate dans son Journal la mort de son frère, Edmond de Goncourt écrit en effet : « M’interrogeant longuement, j’ai la conviction qu’il est mort du travail de la forme, de la peine du style ». Depuis des années, ils travaillent ensemble à produire des romans qui s’efforceraient de...
La vie d’un simple
Nouvelle traduction d’un texte emblématique d’Ernst Wiechert, dont l’œuvre, à la fois enracinée et universelle, reste à redécouvrir.
Selon nos informateurs, on ne lit plus tellement Ernst Wiechert et c’est bien dommage. En un temps où la bêtise et la barbarie gagnent chaque jour un peu plus de terrain, l’humanisme têtu de celui qui fut en son temps l’un des plus lus des écrivains de langue allemande garde toute sa force éthique, sans moralisme ni mièvrerie.
Il est vrai qu’il en avait vu d’autres : né en 1887 et mort en...