RUBRIQUE Entretiens
Les articles
Accroché à la falaise du Je
Avec Reus, 2066, dernier volet d’une trilogie, l’oulipien Pablo Martín Sánchez délivre un carnet intime dystopique plein d’humour et de gravité.
L’écriture, la littérature peut-elle nous définir ? Et comment ? En élidant une lettre, fût-elle la plus usitée de la langue française comme dans La Disparition de Georges Perec ? Ou plus simplement (quoique ?) contenir son auteur comme chez Pablo Martín Sánchez ? Après s’être inquiété dans L’Instant décisif (La Contre Allée, 2017) des événements qui ont marqué le jour de sa naissance, être parti à l’assaut de son identité avec L’Anarchiste qui s’appelait comme moi (Zulma & La Contre Allée, 2021), le voici se projetant dans le futur de son lieu de naissance, Reus, ville au sud de la...
Un auteur
Vivre la ville
Dans le sillage de Léon-Paul Fargue, piéton de Paris, Aragon, Henri Calet ou encore Walter Benjamin, piéton de Berlin, Marie Rouanet renoue avec le chant ou le réenchantement de la ville. Avec bonheur.
Les petits bonheurs du quotidien, de l’intime, de l’enfance, elle les a souvent exprimés. Nous les filles (Payot, 1990) en fut un des témoignages éclatants. Toutefois si ses vingt-cinq ouvrages restituent beaucoup de lumière, (lumière du soleil après la pluie), des ombres graves, hiératiques s’y appesantissent aussi. Celle des prisons pour enfants (Les Enfants du bagne, Payot, 1992), celle de...
Un auteur
Paul et le frère barbare
Depuis quelques années, on redécouvre l’œuvre-vie de François Augiéras. Les lettres à Paul Placet permettent trente ans après la mort de ce peintre et écrivain insaisissable de rencontrer un homme qui l’est tout autant.
Il y a chez moi une fatalité de voyage et d’instabilité, d’autant plus grande que, mettant le meilleur de ma vie dans mes livres ou dans la peinture, je ne perds rien en brisant tout derrière moi ; j’emporte les livres et les tableaux comme les nomades emportent leurs dieux…« Au moins François Augiéras ne s’est-il pas trompé sur lui-même en se présentant ainsi. Et son ami Paul Placet non...
Un auteur
L’écriture à bouche décousue
Cinq recueils de poèmes, deux pièces de théâtre, publiés ou jouées cette année 2000. Michaël Glück fait entendre une écriture grave pour clamer l’effroi d’un siècle, l’effroi des temps.
De la musique de son écriture, il dit que c’est celle d’une basse. Une basse continue, tendue. Un violoncelle, peut-être baroque, peut-être de Bach et que c’est au lecteur à inventer les mélodies. Il affirme être un rêveur, mais un rêveur inquiet, un rêveur errant. On l’imagine, effaré, au milieu de décombres d’une ville en guerre perpétuelle. Éternel survivant, éternel exilé, éternel témoin...
Un auteur
La littérature pour mémoire
Écrivain argentine exilée en Espagne, Elsa Osorio emprunte la voie inattendue du roman pour déterrer l’histoire enfouie durant les années noires de la dictature.
À la fin des années 80, Elsa Osorio écrit des nouvelles, des scénarios parfois des articles dans différents magazines d’actualité où elle évoque, sous couvert d’humour, des tabous qui n’ont pas l’heur de plaire aux autorités argentines comme la questions des morts et des disparus. La démocratie est alors tout juste de retour après sept années noires (1976-1983) sous la botte du général...