RUBRIQUE Essais
Les articles
À crédit et en stéréo
Dans la catégorie des livres où l’on ne comprend pas tout, un bel essai sur Sade et Fourier.
Le rayon « Philosophie » se divise en deux : les livres où l’on comprend tout mais qui ne pensent rien ou si peu, et ceux où l’on ne comprend pas tout, mais qui nous donnent à penser qu’il nous faudrait poursuivre. Payer le mal à tempérament, de Simone Debout (1919-2020), appartient à la seconde catégorie. L’éditeur qui réédite ce texte paru en 1981 dans la revue de psychanalyse Topique semble avoir anticipé notre découragement. On trouve, qui précède dans le colophon l’achevé d’imprimer, cette indication, insolite à cet endroit : « Payer le mal à tempérament (…) donne à entendre la dette...
La table ronde des Powys
D’une activité apparemment effrénée, Patrick Reumaux publie depuis plusieurs années un nombre d’ouvrages considérable, qu’il s’agisse de traductions, d’essais ou des opus de ses magnifiques collections « De natura rerum » qu’il dirige chez Klincksieck ou de la série « Poésie magique » (Belles Lettres). Il consacre aujourd’hui un essai délectable aux trois membres de la fratrie Powys,...
Futur antérieur
La lutte finale pourra peut-être encore avoir lieu : l’historien des idées Enzo Traverso offre des armes d’hier pour les combats de demain.
Dans un précédent ouvrage (voir Lmda N°179), Enzo Traverso diagnostiquait et étudiait la « mélancolie de gauche » – ou comment une sorte de spleen destructeur s’était emparé, à la fin du XXe siècle, de ceux qui naguère encore rêvaient utopies et révolutions. Comme Baudelaire qui, après s’être enthousiasmé durant les journées de février 1848, se disait « dépolitiqué » à la suite de la...
La Destitution du peuple de Jean-Claude Milner
C’est un essai où les idées communes sont prises à rebrousse-poil. Soit le mouvement dit social des Gilets jaunes, qui s’exercerait en réalité contre les mouvements sociaux, exprimant même La Destitution du peuple. Point de départ : démocratie et république étant fondées sur la coïncidence des pouvoirs et des droits, Jean-Claude Milner voit cette coïncidence abîmée par la politique en temps...
Séparé de rien
Pas la langue en soi, pas la raison nue, pas tout seul : Georges Didi-Huberman éclaire, avec le Témoin jusqu’au bout, ces attaches qui permirent à Victor Klemperer de survivre, par son journal.
C’est le bombardement de Dresde, la nuit du 13 au 14 février 1945, qui, in extremis, sauva Victor Klemperer de la déportation. Philologue et spécialiste des Lumières, il avait depuis 1933 noirci cinq mille feuillets d’un journal clandestin – « je grimpe le long de mon crayon pour sortir de l’enfer », cet enfer personnel qui fut aussi celui de tous les Juifs allemands, avec le travail forcé en...