La lettre de diffusion

Votre panier

Le panier est vide.

Nous contacter

Le Matricule des Anges
ZA Loup à Loup 83570 Cotignac
tel ‭04 94 80 99 64‬
lmda@lmda.net

Connectez-vous avec les anges

Vous n'êtes actuellement pas identifié. Pour pouvoir commander un numéro, un abonnement ou bien profiter, en tant qu'abonné, des archives en ligne, vous devez vous connecter avec votre compte.

Retrouver un compte

Vous avez un compte mais vous ne souvenez plus du mot de passe ? Vous êtes abonné-e mais vous vous connectez pour la première fois ? Vous avez déjà créé un compte, peut-être, vous ne savez plus trop ?

Créer un nouveau compte

Vous inscrire sur ce site Identifiants personnels

Indiquez ici votre nom et votre adresse email. Votre identifiant personnel vous parviendra rapidement, par courrier électronique.

Informations personnelles

Pas encore de compte?
Soyez un ange, abonnez-vous!

Vous ne savez pas comment vous connecter?

Essais Manger de la chair

juin 2024 | Le Matricule des Anges n°254 | par Jérôme Delclos

Manger de la chair

Nous nous imaginons trop les Grecs comme tous carnivores. Ou, selon le terme de Jean-François Pradeau dans son introduction à Manger de la chair, « carnistes » : le rituel du sacrifice et la pratique du banquet cachent les polémiques et divisions qu’avaient entre eux les Anciens. La conférence de Plutarque (45-125), « Peri sarkophagias », témoigne que l’alimentation carnée n’était pas la seule pratique à son époque, et elle dresse en faveur du végétarisme un vibrant plaidoyer dont la portée morale, et politique au sens large, va bien au-delà de la seule question du régime alimentaire.
Les pythagoriciens, dès le VIe siècle avant notre ère, s’interdisaient la viande pour des raisons religieuses : les âmes des défunts transmigrant dans les animaux (des vivants, soit des êtres qui ont une âme, c’est-à-dire un principe du mouvement), les manger est un meurtre. Plutarque utilise peu d’arguments de ce type, préférant demander pourquoi « le premier homme (…) avança ses lèvres vers la chair d’un animal mort ». Réponse : par nécessité à une époque lointaine de pénurie alimentaire, laquelle n’existe plus une fois l’agriculture développée. De plus le « carnage », superflu et cruel, se fait au mépris des « supplications, des demandes et des appels à la justice » que nous adressent les bêtes, êtres « intelligents » dont nous refusons d’entendre le langage – « les sons et les cris » qu’ils émettent. Plutarque montre aussi comment la cuisine – cuisson, usage des épices et des sauces – sert à dissimuler le scandale qu’est pour toute conscience la consommation d’un cadavre. Mais le plus riche en perspectives réside dans l’extension du propos : tuer les animaux nous a donné licence et habitude de tuer des hommes, le meurtre et la guerre viennent de là. Contre le massacre, Plutarque prône une « philantropie » dont la « douceur » est la première vertu. Un passionnant appareil critique accompagne la traduction.

Jérôme Delclos

Manger de la chair
de Plutarque
Introduction, traduction et notes par Jean-François Pradea
PUF, 175 pages, 13

Le Matricule des Anges n°254 , juin 2024.
LMDA papier n°254
6,90 
LMDA PDF n°254
4,00