Punis d’être pauvres à toujours chercher le bout la queue du diable les trois sous pour faire le centime « .
Denise Bonal dans Portrait de Famille parle des petites misères du quotidien, celles qui mènent parfois aux drames. Comme pour Pinchard, le voisin de cette famille »Groseille« , plaqué par sa femme : » Elle est partie pour un kilo de gros sel. A midi juste, elle m’a regardé comme une étrangère avec les yeux hagards et elle m’a crié : je n’ai plus de sel… Elle est partie en courant sans manteau. Elle court toujours « .
Le poids de la réalité, le poids des galères, le poids des jambes trop lourdes, » Je pèse plus que mon poids « dit Louise la mère.
Rien cependant n’est vraiment triste sous la plume gouailleuse de Denise Bonal car le chômage, le suicide manqué de l’un des fils s’ajoutent sans hiérarchie aux courses à faire, au repas à préparer, au chien à surveiller. La vitalité du récit vient de ce que les personnages s’inventent leurs propres règles pour surmonter le quotidien. Ainsi puisque » kidnapper c’est un crime quand le kidnappé est vivant « , ils vont kidnapper un mort pour obtenir une rançon. A partit de petits riens, Denise Bonal dessine des personnages à l’univers bien spécifique. Comme Albert qui ne fauche pas : » Je suis trop lent ". Denise Bonal écrivain en appelle à son expérience de comédienne, pour privilégier le jeu de l’acteur. Ainsi l’absence de ponctuation dans le texte de Louise n’est pas un effet de style mais une volonté de l’auteur de laisser à la comédienne toute sa liberté. Rien d’étonnant à ce que ce texte soit d’ores et déjà sélectionné pour le festival du théâtre français contemporain à New-York.
Portrait de Famille
Denise Bonal
Editions théâtrales
91 pages, 88 FF
Théâtre Le sel, la vie, la mort et la coiffure
novembre 1992 | Le Matricule des Anges n°2
Un livre
Le sel, la vie, la mort et la coiffure
Le Matricule des Anges n°2
, novembre 1992.