Un auteur

Alain Nadaud

Un dossier

• Présentation Alain Nadaud : La recherche du zéro de l’écriture
• Bibliographie Classement de rigueur
• Entretien Défense et illustration de la littérature
• Papier critique Dérive
• Bibliographie Bibliographie

La première chose que l’on remarque dans la grande bibliothèque du bureau d’Alain Nadaud, ce sont les photographies de quatre écrivains, Kafka, Lautréamont, Rimbaud et Baudelaire. Un examen attentif des livres décèle un ordre assez rigoureux dans le rangement des ouvrages. L’étagère du haut accueille les ouvrages qui ont servi de documentation pour l’écriture des romans. Ce sont des livres que l(’on attendait dans la bibliothèque de cet écrivain, ouvrages didactiques sur le Moyen-Orient antique.
Trace majestueuse de son dernier roman La Mémoire d’Erostrate, la maquette d’une galère, construite par l’auteur avec des lamelles de bois, prouve l’habileté manuelle d’Alain Nadaud. C’est à partir de cette maquette que l’auteur a pu décrire la trière du roman, le bateau à trois rangées de rames.
Au centre de la bibliothèque ce sont les romans français et étrangers qui trônent et qui iront envahir la pièce principale de la maison. « Les livres importants, ce sont les Borges, Kafka, Beckett. » Les trois auteurs sont sur la même étagère. Alain Nadaud cite également Blanchot pour Le Livre à venir surtout. Puis encore Edgar Poe, ce que ses lecteurs comprendront, et Huysmans pour A Rebours. L’absence de poésie est frappante. Alain Nadaud vient d’une autre école… Lorsqu’on lui demande quels livres il relit de temps en temps, il est bien embarrassé : « Je ne relis pratiquement jamais deux fois le même livre. »
Sur la gauche de l’étagère, les lectures des années de formation emplissent sans nostalgie un bel espace. Il y a là Sartre, « très important mais que je ne lis plus ». Alain Nadaud se saisit d’un livre, jumeau de trois ou quatre autres ; ce sont Les Navigations d’Ulysse de Victor Bérard. « C’est vraiment fantastique, mais je crois qu’aujourd’hui c’est introuvable ». Victor Bérard a lu et relu Homère, et, le livre en poche, il a voulu refaire le parcours d’Ulysse, recréant au plus près les circonstances dans lesquelles le roi d’Ithaque a accompli son long voyage. Il en a dressé une carte, et écrit les trois ou quatre tomes avec la précision d’un entomologiste.
Quittons le bureau pour le salon. Sur la droite, la littérature contemporaine étrangère offre une place de choix à Thomas Bernhard, Claudio Magris (« Danube, c’est vraiment un très bon livre »), ou William Gaddis. En face, place aux francophones, avec peut-être la seule pièce bibliophilique : le premier numéro de la revue de Philippe Sollers, Tel Quel, un exemplaire de Ceux qui merdrent de Christian Prigent dont la lecture a dû alimenter plus d’une réflexion de Quai Voltaire la revue ou de Malaise dans la littérature. Les collaborateurs à Q.V.R.L. peuplent gentiment les étagères, de François Bon à Pierre Michon, en passant par Jean-Philippe Domecq. Alain Nadaud cite également Gérard Macé en insistant sur ses Vies antérieures et Pascal Quignard. Enfin, une de ses trouvailles : L’Interdit, un roman constitué uniquement de notes qui se rapportent à un texte disparu, signé...