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Entretiens Il me semble toujours prendre les choses...

février 1996 | Le Matricule des Anges n°15 | par Pierre Michon

Lors de son entretien au Matricule N° 9, le jeune Mehdi Belhaj Kacem n’accordait que peu de respect aux écrivains contemporains. Seuls échappaient à son jugement sévère Julien Gracq (« cette vieille Baderne » et Pierre Michon pour lequel l’hommage avait été appuyé. L’auteur des Vies minuscules a lu Mehdi Belhaj Kacem avec plus que de l’intérêt. Deuxième volet d’une correspondance aiguisée.

Il me semble toujours prendre les choses par plus bas que le bas « 

Pierre Michon : Vous lisant, on est doublement agressé -et réconforté : on est d’un côté violemment immergé dans ce temps que nous vivons, dans cette mosaïque barbare de marginalités exaspérées et redondantes qu’est notre monde ; et on a en même temps l’impression d’être confronté à quelque chose de très ancien, la grande posture littéraire vaticinatrice, prophétique, un peu mégalo -cette hauteur énonciatrice qui fait Lautréamont ou Artaud. La langue impeccable dont vous avez l’usage se déploie dans les charniers de l’être, sous les ponts, dans les boîtes et dans les trips. Pensez-vous que votre écriture (sa force, sa jouissance) naisse de la conflagration violente de ces inconciliables -de l’explosion de trente siècles de culture occidentale dans ce que vous appelez « le bourbier goth »  ?
Mehdi Belhaj Kacem : Je dirais qu’à l’image du corps d’Irène Lepic ou de celui de son amie enfoncée dans un mauvais trip, le corps de l’histoire est gigogne (« L’histoire est un cauchemar dont j’essaie de me réveiller », écrivait Joyce dans Ulysse, et j’ajouterais : un cauchemar à tiroirs) : c’est d’abord dans les trente dernières années qu’on a pu voir exploser trente siècles de culture occidentale ; puis ces trente années ont exemplairement exhibé toute leur gamme d’échecs et d’apories dans les années quatre-vingt et il m’a été donné d’observer de très près un remarquable échantillonnage humain de cette ignoble décennie, échantillonnage minuscule et pourtant là encore exhaustif dans sa présentation de ces « mosaïques barbares de marginalités exaspérées et redondantes qu’est notre monde ». Je pense qu’on n’a jamais fini d’exfolier ces enveloppements successifs de siècles et de mois, de mois et de jours, de jours et de millisecondes, de peuples et de singuliers, de générations et de progénitures, de nations et de petits gangs, de macrocosmes et de microcosmes ; bref cette structure ou pour mieux dire cette complexion organique gigogne de l’Histoire qu’on peut ainsi parcourir dans tous les sens, par exemple de la grande Histoire occidentale à la tribu goth et retour ; d’où peut-être cette »mégalo« qui n’a en tout cas rien d’une »posture« car jamais, je dis bien jamais, je n’impose ni n’essaie d’imposer à qui que ce soit une quelconque supériorité de principe, ami ou ennemi, lecteur intelligent ou critique -aucune excellence en quelque sorte a priori face à ce qui m’entoure, face au monde et à autrui ; au contraire il me semble toujours prendre les choses par plus bas que le bas, et ne pouvoir jamais commencer que par là, par l’étiage de la société, de la pensée, de l’écriture ; cette mégalomanie je la perçois donc avant tout comme la plus extrême humilité puisque je ne me prévaux de rien en abordant aussi bien la vie que l’écriture et que la violente conflagration dont vous parlez est si violente pour la raison suivante : je ne fais rien d’autre que de jeter ce que je...

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