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Domaine étranger Le réel interrogé

septembre 1996 | Le Matricule des Anges n°17 | par Thierry Guichard

Sous couvert d’une histoire policière qui met en scène un commissaire confronté à un serial killer de vieilles dames, Juan José Saer a construit un roman étourdissant où, finalement, la seule enquête consiste à savoir ce qui est réalité et ce qui ne l’est pas. Ou plutôt, consiste à savoir ce qu’il y aurait de réel dans la fiction et de fictionnel dans la réalité. L’Argentin investit d’abord le XIe arrondissement parisien, cher à Pennac. C’est l’hiver, la neige menace, et le commissaire Morvan se plonge dans une longue méditation.Voilà neuf mois qu’un homme tue, viole, dépèce, charcute, décapite de vieilles dames.Vingt-sept victimes ! Et toutes dans le voisinage du commissariat spécial mis en place pour l’enquête confiée à Morvan. Neuf mois de gestation pour accoucher de quoi ? De rien d’autre que le sentiment troublant de connaître l’assassin ou de lui être très proche. On tourne la page 40 qui clôt un premier chapitre et on se retrouve en Argentine sous un soleil de fin d’été avec trois compères qui boivent de la bière. Et, un peu plus loin, on s’aperçoit que l’histoire policière est en fait l’histoire que raconte Pigeon Garay (personnage récurrent chez Saer) à ses deux amis.Une autre enquête excite ces trois-là : un érange manuscrit a été retrouvé dont on ignore l’auteur. Si le lecteur reste attaché à savoir comment Morvan va se sortir de son enquête, bien qu’une fin évidente se fasse jour rapidement -mais attention aux fausses pistes-, le champ d’investigation se déplace : puisque l’histoire du serial killer n’est qu’une histoire racontée par un personnage, l’enquête ne porte plus seulement sur cette histoire, mais, par un effet baroque, sur la narration même de cette histoire. Ce roman fait l’effet d’un apéritif consommé sans modération : il nous tourne la tête mais le résultat est assez agréable et il n’est pas nécessaire d’être masochiste pour se faire berner en sachant qu’on se fait berner et en aimant ça. Les amateurs de polar diront qu’il ne s’agit pas là d’un livre à classer dans cette catégorie. Erreur ! Il est l’idéogramme de tout le genre puisque l’enquête n’est pas le sujet du livre mais son propre virus. Et ce, dans un style riche en ralentis et en images colorées qui passe remarquablement bien dans la traduction.

T.G.

L’Enquête
Juan José Saer

Traduit de l’argentin par
Philippe Bataillon
Éditions du Seuil
174 pages, 120 FF

Le réel interrogé Par Thierry Guichard
Le Matricule des Anges n°17 , septembre 1996.
LMDA PDF n°17
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