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Théâtre L’oeuvre au noir

décembre 1996 | Le Matricule des Anges n°18 | par Laurence Cazaux

Lors des représentations, Bonbon acidulé se passe dans le noir complet. Le spectateur ne voit rien. Le lecteur, lui, s’interroge.

Le lâche tremble de peur dans l’obscurité parce qu’il ne peut rien voir, il a peur du silence parce qu’il n’entend rien. Dans le monde obscur du soleil couchant, on a peur de l’espace, peur de la vérité, du manque de points de repère ; c’est un monde où les gens ont peur d’être vulnérables ». Cette réplique de Bonbon acidulé résume un peu le pari de cette pièce qui, jouée dans l’obscurité la plus totale, se présente comme une invitation à un autre état de conscience, où « l’être intérieur s’éveille ». En occultant la vue, les autres sens peuvent alors s’épanouir, l’odorat, le toucher, le goût et l’ouïe bien sûr : « Il n’est pas un endroit tranquille dans la ville des hommes blancs… Pas un endroit où écouter le bruissement des ailes des insectes. Tout n’est que bruit, une vraie insulte à la délicatesse de l’ouïe. Et que reste-t-il de la vie, si l’homme ne peut plus écouter le discours des grenouilles autour d’un lac nocturne ? »
Ce septième texte d’un jeune metteur en scène argentin, Ricardo Sued, est une adaptation d’une création collective et raconte l’histoire d’une famille de son pays entre 1954 et 1996. Le thème du rêve revient bien sûr en permanence. Passé, présent et futur s’entremêlant, la chronologie de cette saga familiale est complètement éclatée, les scènes sont comme des bribes de la mémoire. Le rêve se transforme parfois en cauchemar puisque la dictature, la mort, la torture, l’exil frappent ces personnages.
L’expérience vécue par le lecteur est loin d’être aussi intense que celle partagée par le spectateur. Les représentations de Bonbon acidulé (données au Théâtre de la Colline en septembre dernier) ont créé l’événement. Rien que pour s’installer à leur place, les spectateurs devaient se laisser guider dans l’obscurité. Auparavant un tract, à l’entrée du théâtre, les avait informés qu’en cas de malaise ils pouvaient appeler au secours, quelqu’un viendrait alors les chercher dans le noir. Durant la représentation, ils étaient alors assaillis de sensations, ils avaient l’impression que des tanks, des gnomes, des chevaux leur fonçaient dessus, ils étaient aspergés d’eau, se retrouvaient au bord d’une baignoire de torture…
Le lecteur est réduit à imaginer l’ensemble, grâce à une série de didascalies, forcément très développées. Il se plaît ainsi à inventer le son particulier produit par les talons d’une paire de chaussures, indice de l’entrée en scène de tel personnage. L’écriture de Bonbon acidulé est novatrice dans l’occupation de l’espace par exemple, très différente d’un spectacle plus classique puisque le rapport scène-salle n’existe plus. D’ailleurs à la fin du spectacle, le public découvre une salle entièrement vide, avec seulement deux couloirs étroits, formant une croix et dont le sol est couvert de caoutchouc. On peut toutefois regretter que le verbe n’ait pas une part plus belle dans ce texte. Surtout avec des conditions d’écoute si particulières, certains mots dégageraient tout leur espace sonore. Malheureusement, les dialogues sont souvent d’une grande banalité. La partition des acteurs de l’ombre est surtout riche en surprises sensorielles pour le public, qui va se faire agresser puis cajoler comme un enfant en se voyant offrir un coussin, du chocolat ou des bonbons acidulés.
Dans ces conditions, l’édition papier donne une vision forcément réductrice de la pièce.

Bonbon acidulé
Ricardo Sued

Texte français de
Dominique Poulange
Actes Sud-Papiers
39 pages, 40 FF

L’oeuvre au noir Par Laurence Cazaux
Le Matricule des Anges n°18 , décembre 1996.
LMDA papier n°18
6,50