Le narrateur accomplit un voyage en voiture qui le conduit à Bergame, en Italie. A l’arrière, étendu sur le siège dans sa « petite boîte », il y a son père mort. C’est pour lui que le voyage se fait ; pour l’enterrement de cet homme dans ce qui fut probablement sa ville natale ; celle où il a vécu une partie de sa vie.Ainsi le narrateur est confronté durant de longues heures à cette fausse solitude, à cette absence obsédante dans son dos. Il ne cesse de parler à quelqu’un qui ne peut plus l’entendre. D’ailleurs, il est possible qu’il en fut toujours ainsi. Les êtres de ce récit n’ont, semble-t-il, jamais été très proches.
Robert Piccamiglio a déjà publié une trentaine d’ouvrages, pour la plupart, aux éditions Jacques Brémond. Ce récit de voyage est linéaire, accueillant seulement des parenthèses fragiles, des mouvements d’humeur qui s’égarent vite. Texte ramassé, propice à l’écoute dont on n’est pas étonné d’apprendre qu’il fut donné à entendre, comme pièce de théâtre, sous une forme légèrement modifiée. Ce voyage à Bergame tient sa route sans trop d’embardées. Il souffre simplement de quelques surlignages, une manie qui mériterait d’être contrariée et qui consiste à écrire parfois comme on se met en colère, mi bougon, mi mauvaise foi. L’auteur répéte ses agacements, perclus dans l’attitude du poète la plus stérile, maudissant tour à tour les frontières, les annuaires, le monde polyphonique avec ses langues étrangères aussi nombreuses qu’inutiles. Ce côté peut paraître à certains sympathique ; mais ainsi libre de ses incartades, il donne rarement de grands livres.
Le Voyage à Bergame
Robert Piccamiglio
Éditions Jacques Brémond (Le Clos de la Cournhile)30210 Remoulins sur Gardon
Domaine français Ecrits à l’humeur
novembre 1997 | Le Matricule des Anges n°21
| par
Christophe Fourvel
Un livre
Ecrits à l’humeur
Par
Christophe Fourvel
Le Matricule des Anges n°21
, novembre 1997.