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Premiers romans Le roman du Cavallino

janvier 1998 | Le Matricule des Anges n°22 | par Marc Blanchet

Dans une Italie entre rêve et réalité, Jean Védrines prend la vérité et le mensonge comme figures littéraires. Une réussite.

Nous sommes dans l’auberge de La Zucca. Celle-ci, femme âgée dont nous ne refusions pas jadis les charmes, nous sert à boire. Avinés, nous le sommes très rapidemment dans Château perdu, le premier roman de Jean Védrines. Ivres donc, bavards, et surtout enivrés de paroles, il nous est difficile de rester en retrait du récit : tout son déroulement se fait dans ce lieu, dans la confusion des propos et des souvenirs, et surtout dans l’impossibilité de séparer la vérité du mensonge. Nous sommes plongés dans une intimité fiévreuse où chacun porte un masque selon les histoires qu’on lui présente.
L’époque, pour quiconque connaît peu l’histoire de l’Italie, est difficile à préciser : on y combat les sarrasins quelque part à la fin du Moyen Age. La seule certitude est celle du lieu : le sud de l’Italie, quelque part sur la route de Brindes, à l’endroit où le promontoire de Gargano domine la mer, dans le village du Borgo.
Château perdu est aussi le roman d’un personnage : Le Cavallino, chevalier revenu au village après la bataille, un retour plus long que prévu sur lequel les autres protagonistes s’interrogent dans un mélange de crainte et de respect. Blessé, le Cavallino l’est à plus d’un titre : par l’ennemi, qui rôde encore alentour, par l’amour, par le doute de soi, par son imagination, par ses souvenirs.
Tout comme Don Quichotte, il a une Dulcinée, bien moins fictive que celle du chevalier errant : Contessina, qui l’a aimé et trompé. Avec au-dessus de cet amour compliqué, le père de celle-ci : le Marquis, le vrai maître du lieu, un être machiavélique qui ne dévoile son vrai visage qu’à la fin du récit.
Toute l’originalité de Château perdu est de ne pas être un roman historique. Et s’il faut présenter les personnages, c’est simplement pour garder un peu de lucidité dans le labyrinthe de cette histoire. Ces noms sont les seuls repères dans cette architecture confuse, baroque, où tout s’élance dans une composition florissante pour ne jamais retomber.
Plus qu’une reconstitution des expressions et des tournures anciennes, plus qu’un plaisir de la truculence et des bonnes réparties, ce livre est une restitution, un jeu de mots et de grammaire envoûtant. Toute page ouverte au hasard nous happe par cette impeccabilité formelle. Ainsi cette scène décrite par le combattant Guido, où celui-ci rappelle à Cavallino la jalousie qu’il maintient contre son ancienne maîtresse : « Rappelle-toi comment les morts nous reviennent. Rappelle-toi comment la nuit de l’auberge, celle où tu vis que la belle Princesse, ton aimée, se donnait à un autre : je t’ai surpris rêvant dans la pièce contigüe à la chambre où elle te trahissait, rêvant et l’œil tout occupé des ondoiements de la soie d’une tenture qu’agitait le vent nocturne, distrait de ce qui se jouait à côté par les plis et figures bizarres de cette tenture écarlate. »
Dans Château perdu, le lecteur ne se fie à personne. Tout comme les narrateurs, il se tient dans un coin, attentif au moindre signe qui pourrait trahir, comme un mensonge, la vérité. Dans ce dédale de souvenirs, une chose est sûre : ce livre révèle un auteur original. Une vérité qui mérite bien d’être signalée au passage.

Château perdu
Jean Védrines

La Différence
262 pages, 118 FF

Le roman du Cavallino Par Marc Blanchet
Le Matricule des Anges n°22 , janvier 1998.