Ciseleur de courts textes et de nouvelles, Jean-Pierre Cannet s’essaie pour la première fois au roman. Si l’on retrouve la qualité baroque du langage de l’auteur de La Lune chauve (Aube, 1991) ou de Bris de guerre (Dumerchez, 1992), le souffle et surtout la charpente de cette architecture plus volumineuse manquent à son récit. Alliant la gouaille à un lyrisme échevelé, l’auteur dresse le portrait de boue et de fange de Simploque, enfant gitan et orphelin, amoureux de la prostituée qui lui sauva, à sa naissance, la vie. Dans un casting à la Victor Hugo, l’écrivain sollicite aussi un monstre concupiscent, tueur de putains, un ogre gentil protecteur d’enfances malheureuses. La violence des couleurs, la misère douloureuse de la décharge où vit Simploque, la langue et le code des gitans bien restitués donnent ici ou là des bonheurs de lecture. Mais le scénario patine dans la boue de l’histoire et le roman n’avance pas, ne comptant que sur ses images pour nous donner le change.
Signalons, publié par la médiathèque de Forbach, du même auteur : Les Harengs de la fête autour de trois tableaux de François Talairach.
Julliard
174 pages, 119 FF
Premiers romans Simploque le gitan
juin 1998 | Le Matricule des Anges n°23
| par
Thierry Guichard
Un livre
Simploque le gitan
Par
Thierry Guichard
Le Matricule des Anges n°23
, juin 1998.