Digraphe, dirigé par Jean Ristat, consacre sa livraison d’automne au critique Marcel Moré (1887-1969). Riche outil didactique et d’une grande lisibilité, ce dossier tente de cerner la personnalité et la contribution de cet homme de culture énigmatique, quêteur d’absolu, admirateur de Léon Bloy, dont l’histoire littéraire retiendra ses livres sur Jules Verne, sainte Thérèse de Lisieux, Mozart ou Verdi ainsi que la paternité des Cahiers Dieu Vivant. Pendant la guerre, cet ancien polytechnicien et commis d’agent de change organisait le samedi à Paris des séances sabbatiques auxquelles assistaient M. et Mme Queneau, Blanchot, Deleuze, Butor… (ainsi que Bataille et Sartre dont Digraphe publie des extraits de leur vigoureuse discussion sur le péché). De ces réunions naquit donc en 1945 Dieu Vivant. Cette revue chrétienne et philosophique, d’orientation apocalyptique, sœur ennemie d’Esprit, en ce qu’elle rejetait le progrès et le christianisme social, offrit durant dix ans une large tribune aux débats d’idées et aux témoignages mystiques. Ce volume passionnant se clôt par de nombreuses lettres inédites de Marcel Moré à son ami Michel Leiris.
Digraphe N°86-87, 238 pages, 110 F - 17, rue Visconti 75006 Paris
J’écris est peut-être moins sérieuse, mais tout aussi nourrissante. Rédigée en doublette (Jean Guenot et Albert Sigusse), cette revue trimestrielle sur papier vélin parle de littérature avec bonheur sans mâcher ses mots. Un style direct pas avare de coups de cœur et de coups de gueule (lire l’édito sur le prêt gratuit du livre). Dans ce numéro, une large place est faite à Raymond Chandler, « un des plus intuitifs poètes de la tristesse contemporaine »., ainsi qu’aux coauteurs (c’est le dossier : d’Erckmann-Chatrian aux frères Goncourt, en passant par Souvestre et Allain où l’on apprend que les pères de Fantômas se distribuaient les chapitres à écrire à pile ou face). Et comme, ici, on sait recevoir, en guise de digestif : une recette de table et un courrier des lecteurs bien gratiné.
J’écris N°47, 32 pages, 60 FF - BP 101 92216 Saint-Cloud
Depuis sept ans, L’Anacoluthe promeut avec discrétion et sobriété de jeunes auteurs dont la fidélité à la revue témoigne d’un lieu cohérent et fraternel. Dans cette dernière livraison, les neuf textes présentés semblent attacher à explorer la même veine impressionniste. Des tableaux délicats et bien tenus où parfois s’immisce une touche de merveilleux. Mais pas de grandes révélations, mis à part un convaincant Lionel Mazari et son Impossible séjour, fragments autour de l’enfermement.
L’Anacoluthe N°7 - 62 pages, 35 FF - Abt 2N° : 60 FF - Manoir du Chêne 61130 Saint-Ouen-de-la-Cour
Revue Survol
janvier 1999 | Le Matricule des Anges n°25
| par
Philippe Savary
Survol
Par
Philippe Savary
Le Matricule des Anges n°25
, janvier 1999.