Ancien élève des beaux-arts de Toulon (cf. MdA N°22), Jacques Serena avoue avoir un temps taquiné la toile. S’attachant ici à suivre les peintures de Gustav Klimt, l’auteur de Lendemain de fête (Minuit) surprend par la touche bucolique de son récit. Imaginant tour à tour ce qu’une jeune modèle du peintre et Klimt lui-même auraient pu dire de leur rencontre, du désir, de l’amour et de l’art, le romancier montre d’abord les jeux innocemment peu innocents de Marie et Émilie. Joyeuses lolitas, les donzelles inventent des poses où le corps semble vibrer au même rythme qu’une nature de fleurs, d’herbes et de soleil. Les deux allumeuses savent que le peintre barbu les épie. Elles devinent son désir autant qu’elles le craignent. Lui a l’esprit au bord du gouffre de la folie, trop plein de vie pour ces messieurs de l’art qui en interdisent la liberté. Trop plein d’un désir douloureux : « Il dit que si elle ôte tous ses vêtements il la dessinera. Elle relève sa robe et il pleure. » Le texte de Serena s’attache à dire l’énergie, le sang dans les veines, les rires et la folie. « La beauté n’est pas esthétique mais physique, les filles savent ça d’instinct. » Les peintres aussi.
Flohic
avec 40 reproductions
de Gustav Klimt
89 pages, 98 FF
Arts et lettres Fleurs cueillies pour rien
août 1999 | Le Matricule des Anges n°27
| par
Thierry Guichard
Un livre
Fleurs cueillies pour rien
Par
Thierry Guichard
Le Matricule des Anges n°27
, août 1999.