Arsenal N°1

A l’index N°1

Avis de passage N°1

Réalisée en Bretagne (ce n’est pas si courant) la revue semestrielle Arsenal fait preuve dans son numéro inaugural d’une ouverture annoncée dès le pluriel de son sous-titre : « littératures ». Le métissage ici est multiple : genres (extraits de romans, poésie, chroniques, théâtre et entretien), domaines (littérature et art), styles (mais pas de cette poésie « post-moderne » ou formaliste qui fleurit dans le champ des revues), langues (les traductions sont nombreuses et on a même droit au poème Insomnie de Tristan Corbière en anglais, en breton et en italien). Arsenal se veut, selon l’étymologie de son nom, une maison où l’on construit. L’esprit des revues est donc pleinement revendiqué. La mise en bouche de ce premier numéro est gourmand : Olivier Appert et François Boddaert ont écrit dans Portatif de la provocation les biographies très courtes et cinglantes de personnalités comme Ravachol, Sade ou Rétif de la Bretonne. Un régal. La poésie, qui tient une place importante, s’est ici tournée vers une génération d’écrivains italiens proches de ce qu’on appelle les poètes du quotidien (proches mais non semblables). Parmi eux, notons le nom d’Umberto Fiori dont la simplicité d’écriture n’empêche pas la profondeur des sentiments. De l’ex-RDA, Eva Strittmatter allège le papier de ses poèmes très (trop ?) sereins que contrebalance avantageusement la saynète du dramaturge Roland Fichet, violente et, théâtralement autant que verbalement, joueuse (Massacre dans le Bronx). Arsenal naît donc entourée de promesses dont la moindre ne sera pas celle de nous faire lire des littératures sans frontières.
Arsenal N°1
125 pages, 90 FF - Abt 3N° : 240 FF
(BP 66614 29266 Brest cedex)
À L’Index met en couverture les mains de Marcel Moreau (absent à l’intérieur). Jean-Claude Tardiff (aux jeux de mots assez peu digestes) place l’ambition de cette nouvelle venue au niveau du partage. Jean-Paul Chabrier ouvre le recueil avec le récit de la redécouverte d’un livre et de son marque-pages qui suscitent une interrogation existentielle. René Depestre enchaîne avec Six Poèmes très simples et assez convenus. Le poème de Werner Lambersy, ensuite, pose plus de problèmes de lecture : il est manuscrit. Suivent deux scènes d’Héloïse et Abélard de Bernard Noël qui auraient mérité un peu de présentation. Kenneth White clôt la partie création de la revue avec une Ballade en Irlande. Jean Chatard, pour finir, propose quelques bonnes pistes de lectures (Marie-François Lavaur, Casimir Prat ou Laurence Vielle).
À L’Index N°1 - 70 pages, 50 FF
(19, rue de la Victoire 91730 Chamarande)
Signalons, également nouvelle venue, Avis de passage qui « aime la prose dans tous ses états » mais plutôt quand cette prose « répond à une esthétique de l’écart, du décalage ».
Allez y voir, nous ne vous en dirons pas plus, vu que c’est notre collaborateur Didier Garcia qui l’a créée.
Avis de passage N°1 70 pages, 60 FF - (28, rue Armand-Saffray 72000 Le Mans)