Prétexte 5 ans

La dernière livraison de Prétexte née il y a cinq ans restera l’ultime. « La fin d’une revue signifie trop souvent une mort non-annoncée, un rapide glissement vers le silence » écrivent dans un édito touchant mais non amer Lionel Destremeau et Jean-Christophe Millois. Leur suprême élégance sera donc de boucler la boucle avec ce numéro Ultimum. Prétexte ne part pas sans dire au revoir à ses lecteurs et à ces auteurs qu’elle a su vaillamment défendre. Un index de tous ceux qui, parmi ces derniers, ont été sollicités par la revue, ou y ont collaboré, prouve s’il en était besoin l’importance de cette publication littéraire. Mais la revue ne s’arrête pas sans fixer à tous un rendez-vous. En effet, de « passeuse de lectures » Prétexte va devenir « passeuse de textes » en se transformant en une structure éditoriale au programme d’ores et déjà bien défini. On lira donc cette ultime livraison sans larmes à l’œil mais non sans plaisir.
Ultimum Prétexte s’ouvre sur des pages théoriques appliquées à la poésie qui sonnent un peu comme un bilan de cinq ans d’investigation. À l’appréciable (et impossible) Tentative de repérage de l’espace de la poésie contemporaine de Stéphane Baquey répond notamment, en écho, les Notes de travail d’Antoine Emaz qui tentent à la fois d’approfondir et d’éclairer le processus de la création poétique. Mais ce sont surtout les entretiens qui retiennent l’attention du lecteur. D’une humble sincérité qui n’empêche ni l’émotion, ni l’intelligence, la discussion entre Yves Charnet et Pierre Bergounioux mérite d’échapper à l’oubli du temps. Avec une clarté qui fait parfois défaut aux écrivains, les deux hommes mettent en lumière plus que les fondements d’une œuvre (celle de Bergounioux). Il s’agit bien d’évoquer la place de l’homme dans le monde, dans l’histoire et dans son rapport aux morts. C’est tout à fait passionnant. Comme le sont aussi les entretiens donnés par Antoine Volodine et Pierre Michon à la revue. La cerise sur ce gâteau anniversaire vient d’un écrivain qu’on n’att
Ultimum Prétexte 194 pages, 60 FF (11 rue Villedo, 75001 Paris) http://perso.club-internet.fr/pretexte)