Comme Robert Burton a pu délivrer « my own utopia » (ma propre utopie) dans son Anatomie de la mélancolie (José Corti), Marc Petit profite de l’an 2000 pour offrir sa vision utopique dans un court roman. En germaniste conscient, il ne crée pas de monde lointain ni d’univers kitsch pour enfants de la télé : il s’attaque à la langue qui « est à la fois la meilleure et la pire des choses, comme disait Esope. Tantôt elle est un pont, tantôt un abîme ». L’Utopie du docteur Kakerlak (cancrelat en allemand), psychiatre fou de la république postsoviétique de Transoxanie, consiste en la création d’une lignée d’êtres humains sans langage. Farce ou fable, cette histoire se lit avec le sourire puisque la pente naturelle du bagout de Petit le conduit à moquer certains ridicules de notre littérature. « N’êtes-vous pas fiers d’être des citoyens transoxains ? De parler la même langue que nos plus grands écrivains, Proustesséline, Zartrékamous ? »
Fayard
177 pages, 79 FF
Domaine français L’Utopie du docteur Kakerlak
juillet 2000 | Le Matricule des Anges n°31
| par
Éric Dussert
Un livre
L’Utopie du docteur Kakerlak
Par
Éric Dussert
Le Matricule des Anges n°31
, juillet 2000.