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Domaine français Quand on a que l’ennui

septembre 2000 | Le Matricule des Anges n°32 | par Nathalie Dalain

Portrait d’une jeunesse des années 80, entre dérive morbide et révolte juvénile. Hélèna Villovitch désamorce le tragique par l’humour.

Hélèna Villovitch est désormais célèbre pour ses photographies podophiles et son premier roman Je pense à toi tous les jours, dont la drôlerie ne passa pas inaperçue. Dans le même esprit, elle publie cette rentrée Pat, Dave et moi, ouvrage savoureux relatant ses pérégrinations dans les années 80. Au fil d’anecdotes plus délirantes les unes que les autres, l’auteur effectue une fidèle reconstitution du mal être adolescent à cette époque sinistrée. Un récit au présent, à la première personne, permet une restitution intacte et vivace des errances intérieures et du rapport au monde que pouvaient entretenir les jeunes de cette génération. Après avoir tétanisé les jurys des Arts Décoratifs en leur présentant une « sorte de métaphore » composée de verrats fornicateurs « constitu(ant) une critique de la société en général, et en particulier des codes et signaux utilisés couramment en communication visuelle », la narratrice fuit l’ingrat Paris pour la banlieue familiale. L’anonymat et la morosité vont de pair dans « la Petite Ville », où la standardisation de la grisaille s’étend des pavillons au supermarché. « Même le fast-food n’a pas de nom », et la jeune fille déprime dans cet univers sclérosé. Enfermée dans sa chambre, elle écoute en boucle Bauhaus et David Bowie, fume des cartouches de cigarettes et rêve d’être une artiste consacrée. Elle « essaie de ressembler à quelque chose ou, mieux à quelqu’un. Et pas à Billy Idol si possible » en se peinturlurant le minois et en effectuant d’ébouriffantes expérimentations capillaires. L’adolescente fait la connaissance de Pat et Dave, sympathiques garçons ayant de nombreux points communs avec Nina Hagen. Elle partage avec eux ses goûts musicaux et son indignation face au manque d’esthétisme qui régit le monde. Ensemble, ils découvrent l’amitié fusionnelle, le cinéma godardien et les désagréments gastriques occasionnés par l’absorption de champignons hallucinogènes. Parce que la seule chose qui leur semble digne d’intérêt consiste à « avoir des idées nouvelles » en se trémoussant sur Soft Cell, les trois amis ne peuvent envisager l’avenir : « (…) l’an deux mille, je n’y crois toujours pas. Je sais très bien que je me serai depuis longtemps tiré une balle dans le cœur, que j’aurai été assassinée par un fou mystique qui m’aura prise pour la réincarnation de Sharon Tate, ou bien que je me serai écrasée à bord d’un petit avion privé en me rendant au mariage de Boy George (si un jour il se marie et que je suis invitée). » L’écriture d’Hélèna Villovitch est à l’instar de ses personnages. Derrière une apparente légèreté et un humour décapant, elle décèle une conscience de l’absurdité du système. Si ces jeunes s’attachent à leurs propres codes, poussent l’excentricité à son paroxysme, ce n’est pas seulement pour singer un néodandysme. Mais pour se retrancher loin d’une société ubuesque dont ils pressentent la monstruosité : « Tu peux rire, dit Claudia, moi aussi ça me fait marrer, de travailler au rayon boucherie. Remarque, qu’est-ce que tu voulais que je fasse d’autre, avec une maîtrise d’histoire ? ». Entre des adultes oscillant entre la nostalgie du macramé et l’épanouissement dans une carrière bancaire, le spectre de Katmandou et l’apparition du sida, ces adolescents ne peuvent trouver leur place. Si l’obsession morbide qui taraude les héros est un des avatars de l’hébéphrénisme, elle n’en est pas moins liée à cet emmurement réel qui s’impose à eux quotidiennement. Roman d’apprentissage éminemment plaisant, ce livre est à se procurer au plus tôt, avec l’intégrale de The Cure.

Pat, Dave et moi
Hélèna Villovitch

L’Olivier
140 pages, 100 FF

Quand on a que l’ennui Par Nathalie Dalain
Le Matricule des Anges n°32 , septembre 2000.