Les Épisodes N°11
La qualité des textes retenus dans la onzième livraison des Épisodes vaut qu’on s’y attarde. La poésie soyeuse et ludique de Kristina Lugn tranche avec le huis clos délicieusement grinçant entre une nymphette et son client (Marie Desplechin). Mais fidèle à son inclination pour la littérature américaine, la revue offre surtout deux plats de choix. Le premier, ce sont des lettres inédites (1960-1970) de Bukowski où ce « salopard » (dixit son traducteur) se met à nu, évoque son itinéraire déglingué, son « parler des bars », cette « époque puante »… Ça sonne fort et juste. « Je décourage toute compagnie », se désole le grand Buko qui reste toujours inspiré « devant un public de bières fraîches ». Le second est une découverte, Irving Rosenthal. Membre du cercle junky et gay autour de Burroughs, il présente le début d’une version remaniée de son unique roman, Sheeper (1967). Ça commence par : « Ma mère me fouettait avec un cintre en bois », mélange sexe, hydrate de chloral, cafards et inclut la recette du plus bel orgasme pour les eczémateux. Ouverte à tous les vagabondages, il souffle un air frais sur cette revue.
Les Épisodes No11 -190 pages, 50 FF (7,62 €)
(83, rue du Faubourg Saint-Denis 75010 Paris)