La lettre de diffusion

Votre panier

Le panier est vide.

Nous contacter

Le Matricule des Anges
ZA Loup à Loup 83570 Cotignac
tel ‭04 94 80 99 64‬
lmda@lmda.net

Connectez-vous avec les anges

Vous n'êtes actuellement pas identifié. Pour pouvoir commander un numéro, un abonnement ou bien profiter, en tant qu'abonné, des archives en ligne, vous devez vous connecter avec votre compte.

Retrouver un compte

Vous avez un compte mais vous ne souvenez plus du mot de passe ? Vous êtes abonné-e mais vous vous connectez pour la première fois ? Vous avez déjà créé un compte, peut-être, vous ne savez plus trop ?

Créer un nouveau compte

Vous inscrire sur ce site Identifiants personnels

Indiquez ici votre nom et votre adresse email. Votre identifiant personnel vous parviendra rapidement, par courrier électronique.

Informations personnelles

Pas encore de compte?
Soyez un ange, abonnez-vous!

Vous ne savez pas comment vous connecter?

Domaine français Ratages collatéraux

décembre 2001 | Le Matricule des Anges n°37 | par Dominique Aussenac

Philippe Hermann élabore un roman-mosaïque où mal de vivre et manque d’amour augurent d’un monde fini, sans lendemain. Des haïkus élégants de lucidité.

Comment disparaître complètement

Lorsqu’on exerce la profession de sténographe parlementaire, la meilleure façon de fuir l’écriture, fût-elle automatique, est certainement d’écrire des romans dans lesquels l’imagination renverse tout sur son passage, surtout le sens commun de nos existences et les cadres qui les maintiennent hors du vide. C’est le cas de Philippe Hermann qui après Technicien chair (Belfond, 1998) et La Vraie Joie (Belfond, Prix des deux Magots 1999) nous propose Comment disparaître complètement, roman éclaté en vingt-quatre chapitres, vingt-quatre nouvelles qui se remboîtent, se rejuxtaposent pour former l’histoire horizontale d’une famille. Précisément, plutôt d’un groupe d’hommes d’où émergent Erwin, le père, Ronald et William, les deux fils, Gus, l’oncle revenant, ainsi que d’autres nombreuses mais secondaires victimes de la maladie de la vie. Abusés, désabusés, leurs forces vitales atrophiées, sclérosées par l’absence quasi totale de projets, de liants : amour, relations dites humaines, force de rêves. Erwin en est l’exemple le plus pathétique. Son corps se dérègle, ne le supporte plus, se met à enfler. Il n’a plus aucune maîtrise de lui-même, n’ayant jamais eu celle de son environnement. « Il savait que le transport couché était facturé plus cher à la sécurité sociale, et voulut formuler une remarque acerbe à ce sujet, mais il se contint, soucieux qu’il était de ne s’aliéner aucune bienveillance. » Sa relative sérénité, il la puise dans l’attente de la mort, mais il peut aussi s’agir du crépuscule de toute l’humanité.
La solitude sied à ses deux fils. Ronald, géant timide, s’invente des mondes mathématiques. William travaille au garage du père et écrit. Une écriture qui au lieu de libérer, joue avec la mort. Ayant assisté au suicide d’un ami, il écrit ou récrit la scène dans laquelle il s’interroge sur sa propre culpabilité. « Moi-même j’ignore si, en tendant la main vers la poitrine de Barth, j’ai voulu le retenir ou le pousser dans le vide. »
Toutes leurs conduites, vouées à l’échec, les divers protagonistes de ce roman essayent de dire au plus près leur ennui, d’expliquer le pourquoi de leur ratage. Parfois la noirceur est telle qu’Hermann souffle un vent fantastique régénérateur, histoire de prendre du recul ou de franchir des paliers dans le non-sens d’être au monde. Les diverses voix, les différents registres de langue engendrent une polyphonie remarquable. L’écriture alerte, allant à l’essentiel, combine images (paysages en accéléré derrière des vitres) et formules sous forme d’haïkus élégants de lucidité. « Tout comme autrefois aussi, il se vit seul et laid dans la vitre mouillée. » Ou encore « L’avenir semblait alors me sourire, et je repartais d’un pas allégé, mon squelette se redressant sous l’action d’un souffle inconnu. » Un roman très réussi, presque salvateur qui aide à ne pas être parce qu’il décentre et annonce une fin qui n’est certes pas celle de l’écriture, mais d’une forme romanesque engluée dans notre pseudo-civilisation. Quant à savoir quelle est la part autobiographique que pourrait révéler ce roman ? « ON NE MANGE PAS DE BEIGNETS FOURRÉS DANS LE JARDIN DU SOUVENIR. »

Comment disparaître
complètement

Philippe Hermann
Pauvert
263 pages, 17,99 (118 FF)

Ratages collatéraux Par Dominique Aussenac
Le Matricule des Anges n°37 , décembre 2001.
LMDA PDF n°37
4,00