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Théâtre Magyars moqueurs

juin 2002 | Le Matricule des Anges n°39 | par Laurence Cazaux

Les éditions Théâtrales nous offrent la possibilité de découvrir en un volume cinq dramaturges hongrois dont quatre contemporains. Un théâtre à l’humour le plus souvent décapant.

L’écrivain le plus historique du recueil est l’un des premiers à avoir connu une renommée internationale. Ferenc Molnár est présenté comme l’une des figures dominantes du théâtre hongrois du XXe siècle. Il est surtout connu pour sa pièce Liliom. Deux nouvelles traductions, Dent pour dent et Un, deux, trois ! nous permettent de mieux le découvrir.
Ferenc Molnár est né en 1878 à Budapest. Journaliste, il quitte la Hongrie pendant la montée du fascisme. Il va en France puis s’installe à Hollywood où il devient scénariste. Il meurt à New York en 1952. Molnár est présenté comme le maître du vaudeville à la hongroise. Ses pièces sont très bien construites, avec des dialogues brillants et rapides. Un, deux, trois ! traite de la transformation d’un chauffeur de taxi en chef d’entreprise milliardaire. La toute puissance du milieu financier est évoquée avec un brin de cynisme par le biais de Norisson, le directeur de banque. Gérant son personnel comme les rouages d’une machine, il met « de l’huile en permanence », avec une démagogie sans mesure… Pourtant, malgré une critique sociale et une mécanique bien huilée, cette pièce en un acte reste convenue et sans grande surprise. Notre préférence va donc à Dent pour Dent, conçue comme une opérette, avec une mise en abîme assez virtuose. La première scène débute par un long silence. Trois personnages, dont deux auteurs dramatiques, s’interrogent sur la difficulté de bien commencer… une pièce de théâtre. Un imbroglio amoureux va conduire l’un d’eux à écrire une pièce de boulevard tellement médiocre qu’elle en devient hilarante. Un plaisir divertissant brouillant les frontières entre l’art et la vie.
Le Froussard de Pál Békés est également une pièce drôle, avec une métaphore sur la montée de la peur tout à fait d’actualité. Une petite forêt résiste à l’envahissement de monstres, grâce à la bibliothèque que possède un certain Froussard. Les personnages semblent tous sortis d’un conte ou d’un dessin animé. Une vraie fantaisie se dégage de l’ensemble. Le Froussard place la littérature et donc la culture au centre du combat contre ceux qui veulent régner par la peur. Cette pièce mériterait d’être jouée le plus possible en France aujourd’hui, pour un public jeune ou adulte.
Le Bourreau de Longwy de Kornél Hamvai se déroule pendant la Révolution française et met en jeu plus de cinquante personnages, dont une confrérie de bourreaux. Roch, bourreau lui aussi, obtient une promotion à Longwy. Mais dépassé par l’histoire, il va perdre la vie, non sans avoir traversé toute une série d’aventures incroyables, comme la rencontre avec Bonarparte, l’exécution de Lavoisier… Là encore, l’humour de l’écrivain est redoutable d’efficacité avec un curieux mélange de naïveté et de cynisme, de bon sens et de folie, de sang et de sexe.
Helga la folle est le personnage inventé par László Darvasi. Helga est accusée d’un meurtre, la pièce raconte son procès. Un procès troublé par le fait qu’Helga est enceinte. Et que la plupart des notables de la ville pourraient bien avoir une paternité à se reprocher. Tous ces petits pouvoirs feront obstacle à l’établissement de la vérité…
Jeudis festifs de Katalin Thuróczy provoque moins d’intérêt. C’est une oeuvre plutôt bavarde qui se déroule tout au long d’un repas réunissant une majorité de personnages âgés, ressassant leur passé. Les perspectives d’avenir, symbolisées par les quelques personnages plus jeunes, semblent toutes figées par ce passé trop lourd à porter… Mais la pièce, empreinte elle aussi de lourdeur, devient par moment indigeste.
Cette plongée dans le théâtre hongrois est tout à fait passionnante. Ces auteurs, dans des styles très différents, dénoncent certaines formes de violence ou d’oppression avec le plus souvent un humour très particulier. Un mélange entre violence et dérision qui dégage une belle vitalité.

ThéÂtre hongrois contemporain
PÁl Békés/LÁszlÓ Darvasi
Kornél Hamvai/Ferenc MolnÁr
Katalin ThurÓczy
Éditions Théâtrales
448 pages, 30 euros

* Pièces traduites du hongrois par Françoise Bougeard, Balázs Gera, Delphine Jayot, Sophie Képès, Anna Lakos et Jean-Loup Rivière

Magyars moqueurs Par Laurence Cazaux
Le Matricule des Anges n°39 , juin 2002.
LMDA PDF n°39
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