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Domaine français Laporte au final

septembre 2002 | Le Matricule des Anges n°40 | par Thierry Guichard

Un an après sa disparition, publication d’un ultime carnet de l’auteur de Mortend. Ecrit au seuil de la mort, dans la douleur du silence d’un homme que l’écriture a congédié.

Le Carnet posthume

C’est un livre pour l’histoire. Une interrogation qui tourne autour d’un vide que la littérature creuse et emplit à la fois. Le Carnet posthume que Roger Laporte a laissé à sa mort, le 24 avril 2001, sera toujours plus que le témoignage douloureux d’un homme. Il revient, après que Moriendo a condamné son auteur au silence sur cette « aventure spirituelle » que fut l’écriture de « la Biographie ». On le sait, trois voies ont irrigué l’œuvre de Roger Laporte : la Biographie qui « permet d’accéder à une vie qui n’est ni extérieure ni antérieure à l’écriture elle-même », les essais ou études sur des écrivains, des philosophes, des artistes et des musiciens et enfin, les carnets qui consignent les notes et questionnements qui ont accompagné l’auteur tout au long de sa quête. On le sait aussi : il n’existe qu’une écriture pour Roger Laporte et c’est celle de la Biographie. Il n’y a que là que se fait jour « la vraie vie ». La Biographie, qui débute avec La Veille (1963), s’achève sur un livre crépusculaire, Moriendo (1983). Après, Roger Laporte « n’écrit » plus au sens où il l’entendait. Il nous avait dit de quelle douleur est fait ce silence imposé (cf. Mda N°32).
Le Carnet posthume donné par Jacqueline, sa femme, à l’ami Philippe Lacoue-Labarthe revient sur le dernier opus de la Biographie. Commencé au printemps 1995, soit près de douze ans après la publication de Moriendo (achevé le 24 février 1982, précise Laporte), ce livre ressemble à l’ombre de la Biographie plus qu’aux autres carnets. Est-il la prémisse du « chemin de ronde » que l’auteur redoutait d’écrire à la place du Livre ? Pas vraiment. Il ressemble plus à l’expression douloureuse de treize ans de silence, treize ans de mort au regard de la Biographie : « si j’arrivais à faire le deuil de »Roger Laporte« , mon actuelle vie d’homme ne serait-elle pas plus facile, plus vivable ? » Roger Laporte s’interroge sur Moriendo comme s’il n’en était pas l’auteur mais, plutôt, le récepteur, comme s’il l’avait écrit sous la dictée de la nécessité. Et probablement en fut-il ainsi. Le Carnet posthume envisage la possibilité que Moriendo fasse appel au christianisme. La question obsède l’auteur : « J’écrirais à présent Moriendo, tout le côté »Imitation de Jésus-Christ« disparaîtrait. » Et il ajoute, en une phrase terrible pour qui pense qu’une vie « d’homme » s’est offerte pour écrire une telle œuvre : « Mon »expérience« appelait sans doute ce rapprochement avec le christianisme, mais en ce cas je suis infidèle à ma définition de la »biographie« qui ne serait ni antérieure ni extérieure à l’acte d’écrire. Bref, on peut m’objecter, non sans raison, que ma »culture« a influencé mon écriture. » Cette phrase est écrite en juin 1999. Le carnet laisse trois ans de vide (excepté une note de 1997) avant d’envisager cette remise en cause radicale.
Il est probable que ceux qui n’ont pas lu Moriendo ne verront pas la portée d’un tel ouvrage posthume. Roger Laporte s’y montre une nouvelle fois intransigeant : l’écriture vécue à la fois comme aventure et comme épreuve (où advient parfois « la fête ») met la vie en jeu. Non pas une vie sociale (celle que visent tant de ceux qui écrivent aujourd’hui) mais la vie absolue, la vie totale, une vie, au demeurant, invivable.

LE CARNET POSTHUME
ROGER LAPORTE
Préface de Philippe
Lacoue-Labarthe
Ed. Léo Scheer
78 pages, 13

Laporte au final Par Thierry Guichard
Le Matricule des Anges n°40 , septembre 2002.