Missives (numéro spécial Moscou à présent)

Pour ceux que la littérature russe titille, on ne peut que conseiller la dernière livraison de la revue Missives. Né d’une collaboration avec le Festival Est-Ouest de Die, son numéro spécial (ouvert également à la photo et à l’art contemporain) présente un état des lieux de l’édition (à l’aube du capitalisme) et de la création littéraire moscovites d’aujourd’hui. Après les patriarches (Soljénitsyne), les auteurs du dégel (Bitov), la génération dite des balayeurs et des veilleurs de nuit -lus sous le manteau (Erofeïev, Sorokine), la « jeune » vague post-soviétique semble faire preuve d’une belle vitalité. Andreï Lebedev, à qui l’on doit ce panorama, présente une dizaine d’auteurs, textes à l’appui. Hormis Ludmila Oulitskaïa ou Viktor Pelevine (bien connus sous nos latitudes), on signalera trois voix qui font parler d’eux à Moscou. Le réalisme magique d’Andreï Levkine, la poésie violente et contestataire d’Alina Vitoukhnovskaïa et surtout la prose américanisée et loufoque de Leonid Kostioukov. Sa première œuvre (Le Grand Pays) a fière allure : « sur les grandes artères (…) les rennes filent comme des bolides, et si leurs bois se heurtent, pas question de s’arrêter, on ne voit qu’étincelles et bois brisés ».
Missives - 144 pages, 12,20 €
(6, impasse Bonne-Nouvelle 75010 Paris)